samedi 10 octobre 2009

Le suicide de l'université ?

Avant-hier, le 8 octobre, Le Point publiait en ligne un article rédigé par Jacques Marseille et plutôt catastrophiste sur l'état de l'université française. Si l'on peut constester le titre « Le suicide de l'université », assez (pour ne pas dire plus) démago-populiste, ainsi que certains axes d'attaque, cet article peut, doit néanmoins faire réfléchir, et réagir. Son argumentation est serrée, et aussi bien les enseignants-chercheurs que la ministre ou les autorités académiques sont renvoyés dos-à-dos pour ce qui est de leurs responsabilités respectives. Jacques Marseille n'a pas l'air d'apprécier, en tout cas, le « Tout va très bien, Madame la marquise » chantonné ou claironné en chœur par lesdites autorités : « Silence sur les ondes et dans les rangs ! Alors qu'un mouvement de grève d'une ampleur inégalée a paralysé les universités françaises de février à juin 2009, la rentrée est “ sereine ”, affirme Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ». Ainsi commence l'article, et on ne saurait ici le contester ! Bien au contraire !
Parmi les réactions des lecteurs en ligne, Étourneau a relevé celles d'Yves Madiran avec qui il est presque toujours nécessairement d'accord. Encore que la virulence, la véhémence d'Etudiant-Thom soit loin de lui déplaire...
Souhaitons en tout cas, comme le souligne Madiran, que le suicide de l'université ne devienne pas le suicide à l'université, comme pour France-Télécom...

8 COMMENTAIRE(S)

— Etudiant-Thom

Ce n'est pas seulement l'université qui a perdu ....

vendredi 9 octobre | 19:21

Le mise a mort de l'état social avec la complicité des médias, eux mêmes déjà plus ou moins presque rien plus que des marionnettes dans les mains des grands financier .... Monsieur, c'est avec le titre ci-dessus que vous auriez du intituler votre article ... Le silence de ces médias de Février - Juin 2009 qui feintent de se réveiller maintenant est en réalité une défaite de toute la société Française et de la République ... Les avez-vous vues les lois contre les services de santé ? Les lois contre les futurs doctorants qui pourront être virés dès les 1er semestre de leur Thèse ? L'usine à gaz que Darcos-Pecresse ont imposé avec la loi dit de Masterisation qui préparera pour les prochains 10-20 ans à venir des armées de dizaines milliers de chômeurs ? Loi que vous les journalistes, vous avez couvert. Les avez-vous vus les programmes des écoles qui se vident chaque jour des leurs contenus de connaissance pour préparer le terrain aux futures Ecoles privées ? Les attaques à-et-pour la soumission de la Magistrature ? L'entre de force de la France dans l'OTAN sans debat publique ? L'acceptation du Traité Européen par la France lui faisant perdre sa souveraineté populaire, sur son territoire ! sans et même CONTRE l'accord du peuple français... Ce que De Gaule appelle Haute Trahison d'Etat ? Les coups de matraque des policiers contre les jeunes qui défendent la Liberté du peuple Français ? Combien d'autres événements similaires et dramatiques devrais-je vous en citer-rappeler pour que vous monsieur ouvriez les yeux... Monsieur, c'est la mise a mort de l'Etat Social à laquelle vous les "journalistes" avez participé et dont vous êtes en train de parler dans l'article hypocritement intitulé le Le "suicide de l'université". Permettez-moi une suggestion, votre prochain long-beau-et-interessant article ayez pudeur de le publier sur la DEFUNTE liberté d'information des journalistes sous le régime actuel ... Tout le monde a compris que vous avez été déjà " privatisées " ... voilà pourquoi vous ne le faites pas et vous réjouissez que le reste de la société perde aussi sa Liberté ... que les services publics meurent ensemble à la solidarité des hommes... Dans tout cas, si vous ne l'avez pas compris, je vous le re-explique : le mouvement des universitaires de Fevrier-Juin 2009 était un mouvement en DEFENSE DE L'ETAT SOCIAL et honte aux journalistes qui n'ont pas sû-voulu le comprendre et se sont placés du mauvais coté : CONTRE LA SOCIETE ... il ne vous reste que à pleurer de vous mêmes et pour le sort des vos descendants ...

— Yves Madiran

La démocratie est-elle épidermique ?

vendredi 9 octobre | 13:52

@Béotien. Où voyez-vous que ma réaction soit « épidermique » : elle émane de plus de six mois de réflexion sur la question et de plus d'une heure de rédaction ? Où voyez-vous que je sois contre la discussion et que je n'admette pas qu'il y ait un problème : je trouve au contraire dommage qu'un grand débat national n'ait pas eu lieu sur un sujet aussi important que l'université, et je parle de « gangrène » et d'« absurdité » du système rejoignant ainsi largement le diagnostic de M. Marseille ? Où voyez-vous que je m'irrite contre son article : je m'irrite seulement sur le sensationnel « épidermique » du titre. Où voyez-vous que je prône l'immobilisme : je propose que toutes les propositions soient écoutées et débattues comme ce devrait être le cas en démocratie, la « morgue » étant de vouloir faire prévaloir uniquement la sienne ? Et puisque vous vous plaignez d'avoir à passer à la caisse, pensez-vous que tout l'argent que vous avez donné en vain pour les six derniers mois de grève, contestation, blocages n'aurait pas été épargné dans un mode de gouvernance plus démocratique ? Faudra-t-il plusieurs suicides pour l'obtenir comme à France Télécoms ? Voyez-vous, M. le Béotien, dans la formation de beaucoup de gens, il a manqué une chose essentielle : l'apprentissage de la lecture.

— le funambule

Excellent

vendredi 9 octobre | 12:20

Comme d'habitude. J'apprécie M. Marseille dans les deux formes d'expression : écrite et orale.

— France41

Une analyse sans concession mais un titre inexact

vendredi 9 octobre | 12:04

Pour une fois , je suis d'accord avec une analyse de M. Marseille. Simplement ce n'est pas un suicide mais une mise à mort par les classes dirigeantes dont les enfants sont dans des classes prépratoires publiques ou privées.

— béotien

Obstination

vendredi 9 octobre | 11:46

Je ne prétends pas avoir le niveau pour trancher et meme discuter des divergences d'opinions entre Marseille qui pose un constat et Madiran qui nous fait sa réaction épidermique. Tout simplement, soit l'on affirme que tout va bien avec l'Université et il n'y a pas a discuter : embrassons nous folle ville. Soit on admet qu'il y a un problème et on est pret à en discuter, ce qui signifie écouter les propositions des autres. Maridan, en dehors de s'irriter de l'article de Marseille propose quoi? L'immobilisme ? Il ne faudrait pas que tous ces gens, si grand soit leur esprit, oublient que c'est le citoyen lambda qui passe à la caisse pour qu'ils puissent exister dans ce qu'ils sont. La morgue ça peut etre satisfaisant pour soi-meme ou ceux de sa caste, mais ça n'a jamais rien résolu. Dans la formation de ces gens il a manqué une chose essentielle : l'apprentissage de la modestie.

— Kent

Un peu de rigueur M. le Professeur

vendredi 9 octobre | 10:01

L'université n'accueille pas 2,2 millions d'étudiants. Ce chiffre est le total de tout l'enseignement supérieur, dont 1,2 à l'université (hors IUT et IUFM). Les IUT sont des composantes des universités. Le droit n'est pas une "filière sélective". Enfin "Créer un grand service d'enseignement supérieur réunissant IUT, BTS, classes prépa et premiers cycles universitaires avant de sélectionner au niveau de l'entrée au master" : vous faites comment à l'entrée de ce grand machin ? Tout le monde entre librement ?

— Auditeur

France-Culture

jeudi 8 octobre | 20:42

La chaîne de radio France-Culture est certainement un bon reflet du milieu universitaire français, par le nombre de ses représentants invités au émissions. A l'écoute, au bout d'un certain temps, il se dégage au global une impression de malaise : on a l'impression que leurs cerveaux fonctionnent tous de la même manière, comme des machines. C'est particulièrement frappant pour les historiens ... Sinon pour leur image, ce qui s'est passé cette année est catastrophique ...

— Yves Madiran

Le suicide de la presse

jeudi 8 octobre | 17:02

Vous oubliez une cause très importante, sinon la plus importante, qui peut expliquer qu'un mouvement de grève d'une telle ampleur ait accouché d'un tel silence. Le silence des médias pendant des semaines et des semaines, là où il eût fallu en profiter pour lancer un grand débat national sur les sujets que vous traitez enfin en vous plaignant qu'ils n'aient été pris en compte ni par les enseignants-chercheurs, ni non plus par ce gouvernement (si on vous suit bien...). Les médias ont commencé à frémir dès lors qu'étaient menacés les sacro-saints examens. Mais, dans la même campagne de dénigrement systématique de l'université, la plupart des médias, n'ayant pas peur des paradoxes ni de leur propre inconséquence, se plaisaient à incriminer le niveau de ces mêmes examens. Épandre du lait dans les champs ou sur le bitume, alors que des millions d'êtres humains crèvent de faim, c’est sans doute mille fois plus intéressant pour le public qui lit encore la presse que de tourner en rond sur les places publics pour réclamer un peu de considération sans faire de mal à personne ! En fin de compte, les universitaires pourraient avec raison vous renvoyer la balle : « Abaissement des médias et de la presse française sans équivalent dans les autres pays développés et enfermement des « journalistes » dans une complaisance toujours plus visible envers les pouvoirs politiques et économiques ont fini par rendre toute démocratie, tout débat impossible.» Certes, vous le lancez aujourd'hui, ce débat, mais n'est-il pas déjà trop tard ? Que voyons-nous : les enseignants méprisés et défaitistes, Mme Pécresse confortée et triomphante, primes et pseudo-autonomie financière prometteuses pour finir de gangréner un système qui, comme vous le soulignez par ailleurs, s'enfonçait déjà peu à peu de lui-même dans l'absurde. Toutefois, n'en doutez pas, au fond, si suicide il y a, il ne concerne pas uniquement l'université, et nous pouvons avoir peur pour vous...


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