lundi 5 octobre 2009

Autonomie, liberté et responsabilité des universités (LRU)

Où l'on voit de manière décisive que les masques tombent, malgré le dévoiement systématique du langage. Contre la volonté d'un président élu et d'une université autonome, libre et responsable, contre l'intérêt d'étudiants qui doivent subir eux aussi, et à leur détriment le jour même de la rentrée, les nouvelles règles, elles-mêmes contestables, de « mobilité » dans la fonction publique alors qu'ils ne sont ni fonctionnaires ni en rien responsables, un OUKAZE ministériel que le Conseil d'Etat a déjà qualifié d'« excès de pouvoir » ! Comment pourrions-nous faire confiance une seconde de plus à ce gouvernement ?

Arrêté, en date du 30 sept. 2009 :

« Les biens, droits et obligations et autres moyens affectés par l'université Paris-VIII à l'institut d'urbanisme au 1er septembre 2009 sont transférés à l'université de Marne-la-Vallée à compter de la date d'entrée en vigueur du présent arrêté.
Les étudiants inscrits à l'université Paris-VIII en vue de suivre leur formation à l'institut d'urbanisme sont inscrits à l'université de Marne-la-Vallée à compter de la date d'entrée en vigueur du présent arrêté. »

P. Binzack, Président de Paris 8, avait obtenu en août dernier du Conseil d'Etat, qu'il rétablisse de manière préventive, l'Université Paris 8 dans ses droits, considérant que la "décision" du Ministre n'emportait aucun effet juridique (lire le Communiqué de la Présidence de Paris 8).

L'arrêté du 30 sept. fait désormais loi. Mais le Conseil d'État, statuant en référé dans la même ordonnance du 24 août, ajoutait cependant que dans l'hypothèse où la Ministre persisterait à vouloir prendre une décision de transfert, la décision « pourrait être contestée, dans son principe même, par la voie du recours pour excès de pouvoir ».


14 h : Cette histoire fait penser à un documentaire vu il y a trois ou quatre ans à la télévision. On y interviewait, caché en ombre chinoise, voix déformée, un ancien cadre d'un des leaders de la promotion immobilière en France, l'entreprise B***. À la question du reporter qui lui demandait si l'entreprise à laquelle il avait appartenu ne respectait pas les règles démocratiques, cet ancien cadre avait répondu de façon véhémente : « Parce que vous imaginez un seul instant que le mot “démocratie" signifie quelque chose, a une valeur quelconque pour des gens comme B*** ?! ».
Il est à craindre, malheureusement, que des hommes politiques qui se font une conception purement entrepreneuriale, managériale de l'État et de sa gestion, n'aient pas plus de considération pour la démocratie que les B***, leurs amis.

22h 33 : Le commentaire ci-dessus était à peine ajouté au message de ce matin qu'on apprenait les projets grandioses de Mme Pécresse pour refondre tout l'immobilier universitaire parisien. Ainsi, finalement, oui, on ne croyait pas si bien dire, le grand leader B*** n'était pas très loin ! L'encre pour signer les contrats juteux n'est pas près de sécher :
« D'ici à 2013, nous dit Mme Pécresse, ce sont 4 milliards d'euros qui seront investis en Ile-de-France pour les grands équipements universitaires : 2 milliards de crédits budgétaires, et 2 milliards dans le cadre du plan Campus. Dans les autres régions, les collectivités territoriales, tous niveaux confondus, apportent en moyenne 1 euro pour 1 euro investi par l'Etat. J'espère que ce sera la même proportion à Paris. Dès qu'il sera prêt, le schéma directeur immobilier pour Paris intra-muros bénéficiera des 700 millions d'euros prévus. Tout cela est déjà budgété. Si nous retroussons tous nos manches, les grues seront là fin 2011. »
Les grues seront là fin 2011 ! Oui, il faut se dépêcher, des fois que ce ne soient plus les mêmes qui soient là en 2012...
Notons encore la pertinence de la question du journaliste du Monde à propos de ces universités autonomes qui auront l'obligation de se regrouper, et la jolie réponse de Mme Pécresse, sûre par avance de sa force de persuasion...

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