mercredi 16 juin 2010

La France est-elle encore une démocratie (71) ?



Pourquoi nous refusons l’épreuve « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable », tribune parue dans "Libération", 16 juin 2010

mercredi 16 juin 2010

Pour lire la présentation du texte par V. Soulé sur le site de Libération

Membres du jury de l’agrégation externe de philosophie, nous n’accepterions pas d’être reconduits dans cette fonction si n’était pas supprimée la nouvelle épreuve, intitulée « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable », introduite par arrêté ministériel pour la session 2011 dans les Capes et les agrégations de toutes les disciplines. Nous en dénonçons le principe et refusons catégoriquement de la faire passer. Elle tend à réduire l’éthique à l’application mécanique et servile de règles apprises. Elle dénature l’esprit des concours de recrutement des fonctionnaires. Ce faisant, elle porte atteinte à la conception républicaine du service public.

Il s’agit d’une épreuve orale susceptible de recevoir une note éliminatoire, que pourraient faire passer des membres du jury « aux compétences particulières », nommés à cette fin par le ministère, et non par le Président du jury. Selon les exemples de sujets publiés sur le site du ministère, les candidats seront interrogés sur des situations pratiques de la vie scolaire et devront se prononcer sur le comportement correct à adopter. Dans certains cas, il s’agit simplement de connaître les lois et les règlements, le fonctionnement de l’institution : cela n’a rien de choquant. Mais, de quelque façon qu’on la prenne, cette épreuve ne se réduira pas à la vérification de telles connaissances factuelles. L’intitulé de l’épreuve, qui contient explicitement la notion d’« éthique », les exemples de sujets donnés par le ministère ainsi que les « compétences » qui, selon le texte d’un autre arrêté, doivent être évaluées à l’occasion de cette épreuve : tout montre qu’il s’agira bien, dans de très nombreux cas, de juger des valeurs et des dispositions morales des candidats, voire de leurs convictions politiques.

Un sujet porte ainsi sur la discipline : jusqu’à quel point un enseignant aura-t-il le droit d’exiger celle-ci, quels moyens pourra-t-il employer ? D’autres sujets invitent à s’interroger sur les tâches complémentaires (outre l’enseignement) qu’il devra assumer, sur le degré de courage et de dévouement dont il devra faire preuve pour affronter la souffrance et la violence sociales qui minent l’institution scolaire. À quelle utilité sociale, pourra-t-on encore lui demander, est soumise cette institution : doit-elle former des individus adaptés au monde socio-économique, adhérant avec confiance aux institutions existantes, ou doit-elle en priorité cultiver la pensée critique, l’esprit de libre examen et de doute, fût-il corrosif ? Un dernier exemple : comment arbitrer, ayant en vue la réussite des élèves, entre le devoir d’appliquer les programmes, réformes, circulaires, projets d’établissements… et l’exercice de l’indépendance intellectuelle et pédagogique ?

De deux choses l’une. Ou bien ces questions importantes, qui donnent lieu à controverses et peuvent mobiliser des arguments solides en faveur de thèses opposées, sont réellement posées au candidat, comme des questions : un tel questionnement a-t-il sa place dans le cadre d’un concours ? Certes, chaque enseignant devra les affronter dans l’exercice de son métier. Mais précisément, pour qu’elles ne donnent pas lieu à de simples exercices rhétoriques portant sur des situations désincarnées, la réponse qu’elles appellent exige une immersion réelle et durable dans le milieu professionnel (faut-il le rappeler ? le contexte de cette nouvelle épreuve est celui de la suppression de l’année de stage pratique qui suivait la réussite au concours). Et plus fondamentalement, il s’agit de décisions personnelles et intimes, qui relèvent d’un examen de conscience. En effet, la seule modalité légitime d’un « examen éthique » est la décision en conscience, qui prend appui sur une expérience et une démarche personnelles. Or devant la conscience s’arrête tout pouvoir qu’un individu prétend exercer sur un autre. Ce serait une prétention absolument exorbitante, de la part des examinateurs, que de se prévaloir de leur position pour juger les réponses du candidat ; donc de décider de son avenir professionnel en se fondant sur leurs propres convictions personnelles – à supposer qu’ils soient d’accord entre eux !

Ou bien, autre hypothèse, tout aussi inacceptable : ces questions n’ont pas vocation à être posées comme de véritables questions. Un indice est sur ce point révélateur. Le ministère a indiqué dans des textes officiels, avec les suggestions de sujets (dits « sujets zéro »), les « pistes de réponses attendues ». Ainsi, pour ces questions, il existerait des réponses correctes. Si tel est l’esprit de l’épreuve, il ne sera certes pas techniquement impossible de la faire passer. Mais elle sera tout à la fois indigne et désastreuse dans ses effets. Le candidat sera soumis à l’obligation de fournir la réponse éthiquement correcte. Soit il reconnaîtra un sujet publié par le ministère : il aura donc la chance de connaître par avance la « bonne réponse », la réponse institutionnelle. Soit il tentera de tirer celle-ci des généralités d’une doctrine apprise. Soit enfin il cherchera à deviner la réponse qu’attend le jury. Dans tous les cas, loin que le candidat soit incité à faire la preuve de son discernement et de son libre jugement, l’enjeu immédiat du concours le contraindra à donner une réponse convenue et hypocrite. Cet oral deviendra ainsi un véritable jeu de dupes. Si l’on voulait ruiner le sens même de l’exigence éthique, on ne s’y prendrait pas autrement.

Des associations de professeurs, des sociétés savantes, des départements universitaires, des jurys d’autres disciplines, des syndicats ont déjà exprimé avec force leur opposition à cette épreuve. Une pétition exigeant son retrait (voir www.controle-moral.fr) a en quelque semaines recueilli plus de 5300 signatures d’enseignants, d’éducateurs, de psychologues, de candidats aux concours, de chercheurs de toutes disciplines, dont de nombreux juristes et spécialistes de philosophie éthique et politique, reconnus au plus haut niveau académique. Le ministre, pour l’instant, est resté sourd à ces appels. Nous prendrons nos responsabilités en nous démettant s’il nous est demandé d’agir contre des principes sur lesquels nous ne pouvons pas transiger.

Signataires :

Blaise Bachofen Jean-François Balaudé Joël Biard Anissa Castel-Bouchouchi Jacques Darriulat Christian Dubois Vanessa Nurock Antoine Grandjean Jean-François Lavigne Éléonore Le Jallé Marie-Frédérique Pellegrin Sylvie Robin Alexandra Roux Gérald Sfez Olivier Tinland

Allons, Mme Pécresse, encore un effort...

...et ce sera le burnout final !

Signalé par Le Monde/La Toile de l'éducation du 16 juin :
le blog du président de l'université de Dublin College University

Academic burnout

An American PhD student, Janie Crosmer, recently completed a thesis on the causes of burnout and disillusionment among academics, and the results of her work were summarised in the most recent issue of the Chronicle of Higher Education. She conducted a survey of 411 faculty across the whole of the US. Much of what she found sounds very familiar to those who are aware of the pressures on academics over here.

This, for example, is what she says are the causes of burnout:

‘Lack of time, poorly prepared students, cumbersome bureaucratic rules, high self expectations, unclear institutional expectations, and low salary. Research shows that the sources of stress have remained unchanged for 25 years. We know about the problem, but we’re not doing anything about it.’

And here she summarises some of the responses she got in her survey:

‘People said students are increasingly entitled and lazy. “My classes are too big, my service load is too high, my teaching load is too high.” Almost every person mentioned something about administration or administrative issues. People really seemed to feel burdened by a lot of things.’

The problem with this state of affairs is that it produces academics who are world-weary and often cynical, and who feel less and less motivated. In many ways, in fact in surprising ways, I still find many who are dedicated and determined to do the best they can, but often the levels of energy I might have found a decade ago are gone, as is the spirit of optimism. Public criticism of the university system does not help.

There is a challenge ahead for the universities and their leaders. Universities must discover and work with a common sense of purpose and a determination to find ways of escaping from this sense of gloom. And it is unlikely, right now, that the answers to this will be provided by government.

lundi 14 juin 2010

Tout s'explique (2) !

Dans le n° 938 de Charlie-Hebdo en page 8, un article "gouverner la France comme si c'était le tiers-monde" cite le n° 13 du rapport de l'OCDE in Cahiers de politique économique (1996). Extrait :
"Dans la seconde partie, intitulée "comment éviter les risques politiques ?", l'auteur de l'étude, Christian Morrisson, préconise : Si l'on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la "quantité" de service, quitte à ce que la "qualité" baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnements aux écoles ou universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d'élèves ou d'étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d'inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l'enseignement et l'école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l'établissement voisin, de telle sorte que l'on évite un mécontentement général de la population". Précisons, accessoirement, que si, par ailleurs, le rapport recommande "évidemment" de réduire le salaire des fonctionnaires, en revanche, page 23, il déconseille de "supprimer les primes versées aux forces de l'ordre dans une conjoncture politique difficile où l'on peut en avoir besoin".

vendredi 11 juin 2010

L'homme français doit abandonner la pensée... Pour entrer ou sortir de l'Histoire ?

« La mondialisation, ça eût payé Mme Pécresse…
11 Juin 2010 Par Christophe Pebarthe

La nouvelle est tombée hier soir, jeudi 10 juin sur France 2. Christine Boutin, ancienne ministre, ancienne députée, conseillère générale des Yvelines et chargée de mission par l'Élysée, renonce aux émoluments que cette dernière fonction lui assurait, soit 9 500 euros net par mois. "J'ai entendu les Français qui ont de petits salaires qui, aujourd'hui, ne peuvent pas comprendre qu'il y ait ainsi un responsable politique qui ait une rentrée d'argent de près de 18000 euros", puisque tel était à peu près son revenu mensuel. Rappelant la légalité de ces sommes, elle a convenu s'incliner "sous le poids de la tourmente médiatique".

Quelques heures plus tôt, la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse défendait Christine Boutin en ces termes. "Je crois que c'est un montant de salaire qui est très élevé et je pense que ça doit se justifier par un travail qui sera d'une exceptionnelle qualité". "Mais de ce point de vue je fais confiance à Christine Boutin", a-t-elle ajouté. "Les conséquences sociales de la mondialisation, à l'approche du G20, c'est une mission qui est importante [et qui] peut conduire à des propositions de régulation mondiale des États".

Depuis la sortie du Canard Enchaîné qui a dévoilé la mission et sa rétribution, les commentaires ont attiré l'attention sur le montant, 9 500 euros, ou sur le cumul des revenus 18 000 euros, le Ministre du Travail Éric Woerth lui proposant de renoncer à sa retraite de parlementaire. Peu voire aucun n'ont eu l'air de s'interroger sur la légitimité de Christine Boutin à réfléchir pour l'Élysée aux conséquences sociales de la mondialisation, puisque telle est la mission qui lui a été confiée par le président de la République. De quelle qualification l'ancienne ministre du Logement dispose-t-elle pour prétendre à cette "mission qui est très importante" ? Examinons sa biographie.

Titulaire d'une maîtrise en droit public et d'économie industrielle, option échanges mondiaux, attachée de presse au CNRS entre 1964 et 1969, adjointe au chef de service du secrétariat général du Crédit agricole (1973-1979), journaliste à Dossier familial, le mensuel du Crédit agricole (jusqu'en 1986) et consulteur du Conseil pontifical pour la famille au Vatican (1995, quatre consultations depuis cette date), Christine Boutin ne semble pas pouvoir arguer de qualification particulière pour prétendre à la remise d'un "travail d'une exceptionnelle qualité". Il est probable que des considérations autres, politiques, ont amené à sa désignation…

Qu'on ne se méprenne pas. Nul ne doute de l'importance de "la régulation mondiale des États" comme le souligne Mme Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Il est toutefois significatif que cette dernière oublie les enseignants-chercheurs et les chercheurs à qui une telle mission aurait pu être confiée, eux qui réfléchissent pour des montants bien plus faibles. Cette amnésie jette une lumière trouble sur celle qui déclarait le 2 septembre 2009 : "Qui peut nous aider à penser la crise, si ce n'est des économistes, des juristes, des historiens, des géographes, des philosophes, des sociologues, des anthropologues et de tous ceux qui, parce qu'ils étudient nos langages, nous apprennent parfois à nous déprendre des mots que nous utilisons ?" Doit-on déduire qu'à la question "Qui peut nous aider à penser les conséquences sociales de la mondialisation ?", il n'y ait qu'une réponse "Christine Boutin" ?

À travers son soutien, Valérie Pécresse affiche, une fois encore, son souverain mépris pour la recherche et l'Université en général et pour les sciences humaines et sociales en particulier. Au-delà des sommes en jeu et de leur caractère scandaleux notamment au regard des traitements des chercheurs et des universitaires qui font le même travail,c'est donc un autre scandale qui pointe, la déqualification des activités intellectuelles. Il y a sûrement une volonté de ne pas être confronté à des conclusions qui dérangeraient les discours officiels. Qu'il suffise de rappeler les déboires rencontrés par Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la mondialisation. Mais cette affaire reflète aussi une haine de la pensée. Exagération ?

Une autre citation permettra à chacun de poursuivre la réflexion. Son auteure est également ministre, de l'Économie, autrement dit Christine Lagarde. Elle est extraite d'un discours prononcé le 10 juillet 2007 lors de la présentation du projet de loi "Travail, emploi et pouvoir d'achat" : "C’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’y a guère une idéologie dont nous n’avons fait la théorie. Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant, retroussons nos manches". »

Christophe Pébarthe, maître de conférences àl'université Bordeaux 3

« L'homme africain n'est pas encore entré dans l'histoire » Nicolas Sarkozy, discours de Dakar

La France est-elle encore une démocratie (70) ?

Check-list du Monde du jeudi 10 juin

sur écoutes
"Les atteintes, il y en a partout. Prenons par exemple les atteintes aux droits de l'homme dans le système pénitentiaire français."Déclaration de Vladimir Poutine dans un entretien accordé hier à l'AFP. Interrogé sur les atteintes aux droits en Russie, le premier ministre russe a estiméne pas avoir de leçons à recevoir de l'Europe qui cherche à imposer ses règles au monde depuis la colonisation. "C'est une vieille tradition des pays européens d'imposer leurs normes et leurs règles" a-t-il dit.


mardi 8 juin 2010

La France est-elle encore une démocratie (69) ?

Maruyama Ôkyo (1733-1795)

La France est-elle encore une démocratie (68) ?

Point de vue
Défenseur des droits : le Parlement bafoué
LE MONDE | 08.06.10 | 13h26

e qui s'est passé le jeudi 3 juin au Sénat ne relève pas des incidents habituels de la vie parlementaire, c'est beaucoup plus grave.

La veille, le Sénat avait à une large majorité adopté des amendements déposés par Hugues Portelli (UMP) et Nicolas About (Union centriste) visant à maintenir l'institution du Défenseur des enfants, distincte du nouveau Défenseur des droits. Le débat avait été approfondi, les scrutins avaient été publics, le vote sans appel.

Le lendemain matin, une instance élyséenne décrète que ce vote est insupportable. Il faut derechef que la majorité du Sénat revienne sur son vote. Celle-ci va s'exécuter dans la plus pitoyable confusion.

Une seconde délibération étant demandée à l'Assemblée, la commission des lois doit se réunir. Elle se réunit, mais il n'y a pas en son sein de majorité pour voter les amendements commandés par le gouvernement et présentés par le rapporteur. Qu'à cela ne tienne ! Ce dernier retire tous ses amendements... et annonce qu'ils seront repris en séance par le gouvernement. Vive la séparation des pouvoirs !

Il faut passer !

Retour dans l'Hémicycle. Mme Alliot-Marie reprend effectivement les amendements du rapporteur. Nouvelle réunion de commission. Il n'y a toujours pas de majorité. Le gouvernement se fait battre par 17 voix contre 10.

Qu'importe, il faut passer ! Le rapporteur annonce que la commission des lois a rejeté la volonté gouvernementale, mais qu'il votera les amendements à titre personnel. Les représentants de trois groupes quittent la séance, non sans avoir dénoncé cette mascarade. La majorité de la majorité s'exécute, à la notable exception d'Hugues Portelli.

Reste une question. Pourquoi, alors que le débat ne faisait que commencer, qu'il se poursuivra à l'Assemblée nationale, cette rage, cette obstination à vouloir faire plier le Sénat ? La réponse est évidente. Le nouveau Défenseur des droits est en réalité un étouffoir.

Le pouvoir en place reproche aux autorités indépendantes d'être indépendantes. Il ne supporte pas, comme l'a expliqué mon collègue Alain Anziani, que la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) ait dénoncé les tests ADN pour le regroupement familial, que la Défenseure des enfants ait enquêté sur la présence des enfants en centre de rétention et que la Commission nationale de déontologie de la sécurité se soit intéressée aux gardes à vue et aux fouilles à nu.

Le contrôleur des lieux de privation de liberté ne perd, quant à lui, rien pour attendre. On nous l'a dit : son tour viendra. Quand un pouvoir somme ainsi sa majorité sur un tel sujet, et que celle-ci se laisse sommer, cet acte trahit une incommensurable panique devant la si précieuse séparation des pouvoirs et devant l'indispensable liberté d'investigation d'instances libres.


Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du Loiret et ancien ministre
Article paru dans l'édition du 09.06.10

lundi 7 juin 2010

Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable

Certainement que les membres du jury de l'agrégation des Lettres Modernes seraient recalés à la nouvelle épreuve qu'ils sont censés évaluer (?), tant leur pétition ci-dessous montre combien ils ne savent pas ce qu'est être un bon fonctionnaire de l'Etat UMP ! (Étourneau)

Pétition des jurys de l’Agrégation de Lettres Modernes, « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable » (1er juin 2010)

Information du site Fabula [voir liste des sites et blogs ci-contre].

« Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable » Pétition déposée par les jurys de l’agrégation externe des Lettres Modernes

Le BO le 6 janvier 2010 stipule que les candidats à l’Agrégation, concours de recrutement des enseignants du secondaire, devront présenter, dès la session 2011, une nouvelle épreuve orale d’admission, étonnamment greffée sur la traditionnelle épreuve d’explication de texte, et censée vérifier la « compétence Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable ».

Il s’agit, en dix minutes, d’entendre les candidats moins sur leur connaissance du système éducatif que sur leurs réactions morales à l’égard de situations particulières liées à la vie scolaire. En voulant juger ainsi de la valeur éthique et du sens des responsabilités d’un fonctionnaire de l’État, on prétend remplacer une année entière de stage et de confrontation aux réalités complexes de la vie des établissements, supprimée dès la rentrée prochaine, par une épreuve de morale républicaine.

Outre que cette « compétence », telle qu’elle est définie par l’intitulé de l’épreuve, est proprement impossible à évaluer sur des critères objectifs, cette nouvelle épreuve, tout éthique et responsable qu’elle se prétende, heurte les valeurs républicaines et la déontologie de ce concours. Tout d’abord parce que demander à un candidat à l’agrégation de se prononcer sur le plan juridique, technique, médical et psychiatrique à propos d’un événement scolaire (maltraitance, drogue, violence), c’est s’écarter considérablement des missions scientifiques de ce concours, par lesquelles les vertus intellectuelles du candidat, en science et en conscience, sont déjà très attentivement évaluées. L’épreuve de l’explication de texte s’en trouve parasitée et amputée.

En second lieu parce que le candidat à l’agrégation ne peut être jugé sur des réactions hypothétiques à des situations imaginaires, alors que les situations concrètes ne peuvent s’appréhender que sur le terrain, dans le cadre d’un établissement, où l’ensemble des acteurs est amené, en cas de problème ou de crise, à intervenir. C’est méconnaître manifestement la réalité des établissements du secondaire que d’estimer la pertinence d’une réaction face à un problème à l’aune humainement variable d’un seul enseignant.

Les signataires de ce texte, tous membres du jury de l’agrégation externe de Lettres modernes, ayant considéré les annales préparatoires de la nouvelle épreuve « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable », ayant par ailleurs constaté ensemble que cette épreuve était par sa nature, sa forme et ses intentions, contraire aux valeurs de ce concours, en réclament la suppression définitive et, à tout le moins, son déplacement vers la période probatoire qui suit l’obtention du concours.

Paris, le 1er juin 2010

Signataires :

Olivier BARBARANT (Jury de composition française)

Christine AGUILAR-ADAN (Jury de version espagnole)

Elisabeth CHARBONNIER (Jury de composition française)

Olivier DECROIX (Jury de composition française)

Marie-Françoise DELECROIX (Jury de composition française)

Guy DEVAUFLEURY (Jury de version latine)

Sébastien DOUCHET (Jury de composition française)

Alexandre DUQUAIRE (Jury de composition française)

Anne DUPRAT (Jury de littérature comparée)

Isabelle GARNIER-MATHEZ (Jury de composition française)

Florence GODEAU (Jury de littérature comparée)

Alain GÉNETIOT (Jury de de composition française)

Emmanuel GODO (Jury de composition française)

Danièle JAMES-RAOUL (Jury d’ancien français)

Romain LANCREY-JAVAL (Jury de composition française)

Rainer LANSELLE (Jury de version chinoise)

Valérie LAVOIX (Jury de version chinoise)

Claudine LEBLANC (Jury de littérature comparée)

Anne MAUREL (Jury de version latine)

Sophie MILCENT-LAWSON (Jury de français moderne)

Pierre MISCEVIC (Jury de composition française)

Cécile NARJOUX (Jury de français moderne)

Danielle PERROT-CORPET (Jury de littérature comparée)

Henri SCEPI (Jury de composition française)

Zoé SCHWEITZER (Jury de littérature comparée)

Charles-Olivier STIKER-METRAL (Jury de composition française)

Anne TEULADE (Jury de littérature comparée)

Géraldine VEYSSEYRE (Jury de grammaire médiévale)

Luc VIGIER (Jury de composition française)

Jean VIGNES (Jury de composition française)

Georges ZARAGOZA (Président du jury de l’Agrégation externe de Lettres modernes)

Merci BP !


Un pélican brun épuisé couvert de pétrole au nord-est de Grande Isle en Louisiane, le 5 juin 2010.
Photo : Sean Gardner/Reuters

L'OEIL DE TRAPIER sur la newsletter de Télérama de ce jour

La France est/sera-t-elle une démocratie (67) ?



Sur leparisien.fr à la rubrique « faits divers » !

ASSISES.
La chancellerie réfléchit à la suppression des jurés populaires
Le ministère de la Justice envisage la fin des jurés populaires dans les cours d’assises de première instance pour les remplacer par des magistrats professionnels.
Timothée Boutry et Geoffroy Tomasovitch | 05.06.2010, 07h00
La suite sur :

Commentaire :
Évidemment, supprimer même jusqu'aux acquis de la Révolution de 1789, après le démantèlement de ceux du programme de la Résistance, et de la démocratie sociale, cela ne peut relever que des « faits divers », et non de la politique !
À vrai dire, Étourneau a d'abord cru, après l'annonce de la suppression des juges d'instruction, qu'il s'agissait là d'une blague ! C'est d'ailleurs pourquoi finalement Étourneau s'appelle « Étourneau »...
Mais, allons, encore un effort ! pour faire gagner du temps et de l'efficacité au fonctionnement de la justice, un grand ordinateur central dans les sous-sols de l'Élysée distribuant automatiquement les peines et condamnations sans délibération ni intervention humaine aucune : quel progrès, quelles économies ! Cela fera toujours plus de sous pour les ventes d'armes, les commissions, sous-commissions, rétro-commissions, etc., etc.
Et, au fait, à quand le rétablissement de la peine de mort (sans jugement, évidemment) ?

dimanche 6 juin 2010

Panta rei (2)

La même rivière coule sans arrêt, mais ce n'est jamais la même eau. De-ci, de-là, sur les surfaces tranquilles, des taches d'écume apparaissent, disparaissent, sans jamais s'attarder longtemps. Il en est de même des hommes ici-bas et de leurs habitations.

Mars 1212
Notes de ma cabane de moine (Hôjôki) par Kamo no Chômei, traduction R. P. Sauveur Candeau

samedi 5 juin 2010

jeudi 3 juin 2010

La France est-elle une démocratie (66) ?


« Suicides chez France Télécom : l'enquête va commencer
Les juges d'instruction parisiens Pascal Gand et Anne-Marie Bellot s'apprêtent à commencer leur enquête dans le cadre de l'information judiciaire ouverte le 8 avril pour harcèlement moral suite à la série de suicides de salariés chez France Télécom. Dans la deuxième quinzaine de juillet, ils devraient auditionner les parties civiles - c'est-à-dire le syndicat SUD, qui avait déposé plainte, fin 2009, pour "mise en danger de la vie d'autrui", ainsi que Force ouvrière et la CFDT.

D'après une source proche du dossier, les deux magistrats, rattachés au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris, veulent avancer vite en appréciant la situation globalement - et non pas suicide par suicide. »

Commentaire :
« Vite » ? C'est-à-dire avant d'être supprimés ? France Télécom ne risque pas grand-chose donc...

Source : listes@listes.lemonde.fr « Les coulisses de l'économie et des médias : Axel Weber cherche à pousser Jean-Claude Trichet à la démission »
Date : 3 juin 2010 17:14:04 HAEC


Remember !

Accueil à l'université de Toulouse Le Mirail, le 3 juin 2009.
Un an déjà, et tout cela pour rien. Vive la démocratie française !

« we must resist efforts to reduce education to a tool of the gross national product. Rather, we must work to reconnect education to the humanities in order to give students the capacity to be true democratic citizens of their countries and the world. »

mercredi 2 juin 2010

La France est-elle une démocratie (65) ?



Communiqué FCPE – SUD-Education – SLU

2 juin 2010

La FCPE, SUD-Education et SLU attaquent la réforme du recrutement et de la formation des enseignants devant le Conseil d’État.

La réforme du recrutement et de la formation des enseignants a été unanimement rejetée par l’ensemble de la communauté éducative (parents, enseignants, universitaires, formateurs, inspecteurs, chefs d’établissement, étudiants, syndicats, sociétés savantes et associations) : depuis deux ans, il n’a jamais été tenu compte des analyses, des protestations, de la mobilisation et des manifestations ; depuis deux ans, les organismes paritaires ont exprimé un rejet toujours plus large des principes et des objectifs de la réforme comme de la méthode utilisée pour imposer une réforme nocive. Tous ont été méprisés, leurs rôles et fonctions bafoués.

En conservant l’objectif de placer en responsabilité quasiment à temps plein devant les élèves des fonctionnaires-stagiaires non formés, notamment à la pédagogie, le gouvernement fragilise tous les acteurs du système d’éducation nationale, à commencer par les enfants et les enseignants. À ce jour, cette réforme se révèle plus ubuesque, plus dangereuse, plus destructrice du service public d’éducation nationale qu’elle ne l’a jamais été.

La FCPE, SUD-Education et SLU considèrent que plusieurs dispositions des textes publiés en rafale dans la semaine précédant l’ouverture des inscriptions aux concours soulèvent des interrogations majeures quant à leur légalité.

Le 2 juin 2010, les trois organisations ont donc déposé conjointement 6 requêtes assorties de demandes de référé-suspension auprès du Conseil d’Etat contre certains textes de la réforme de recrutement des enseignants, et notamment : 1/ la circulaire du 25 février 2010 relative au dispositif d’accueil, d’accompagnement et de formation des enseignants stagiaires des premier et second degrés et des personnels d’éducation stagiaires ; 2/ Les arrêtés du 5 mai 2010 autorisant l’ouverture de différents concours de recrutement (PE, CAPES, CAPLP, CAPEPS, CPE).

FCPE, SUD-Education, SLU


Commentaire :
Gouverner à ce point contre ses administrés, peut-on encore appeler cela démocratie ?
Lorsque tout sera devenu payant, après le démantèlement des services publics, faudra-t-il uniquement payer des impôts pour l'accroissement du budget militaire*, le salaire des ministres aux ordres et celui de députés sans pouvoir ?
Étourneau

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mercredi 2 juin 2010
Dépenses militaires mondiales à un niveau record en 2009
Les Etats-Unis, toujours largement les premiers en terme de dépenses militaires, ont investi 661 milliards de $ dans ce secteur l'an dernier, soit 47 milliards de plus qu'en 2008. L'augmentation américaine représente plus de la moitié (54 %) de la progression planétaire, souligne le Sipri.
Ne disposant pas du chiffre officiel pour la Chine, l'Institut avance une estimation de 100 milliards de $. La France est troisième de ce classement avec 63,9 milliards de dollars.
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Sur le check-list du Monde.fr de ce jour...

papier de verre
Hervé Le Tellier
C'est prévu : il y aura de plus en plus d'élèves par classe. "Nous travayons sur plain de piste, car l'éducassion reste au santre de notre programme", nous confirme Luc Chatel, ministre de la chose.

mardi 1 juin 2010

Démantèlement de l'éducation nationale...

Education nationale: une douzaine de pistes mises à l'étude pour supprimer des postes
(AFP) – Il y a 2 heures

PARIS — Le ministère de l'Education nationale a diffusé aux recteurs une douzaine de pistes pour supprimer des postes de 2011 à 2013, dans le cadre de la politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, selon des documents internes.

Selon ces documents, révélés lundi par le site internet Le café pédagogique (www.cafepedagogique.net) et le quotidien L'Humanité, le ministère demande aux recteurs de "quantifier, à partir de leviers d'efficience identifiés, les marges de manoeuvre par académie, notamment pour 2011 et 2012".

Et ce, "sans dégrader les performances globales" du système éducatif.

Pour cela, le "schéma d'emplois 2011-2013" énumère une douzaine de pistes, déclinées en autant de fiches thématiques.

En primaire, il s'agirait d'augmenter les effectifs par classe, de continuer à diminuer la scolarisation des enfants âgés de deux ans en maternelle, d'augmenter le nombre de professeurs vacataires (non-titulaires) pour faire des remplacements courts ou encore de transférer la formation continue des enseignants, "principale variable d'ajustement du remplacement", en dehors du temps scolaire (mercredi après-midi et vacances).

A l'école élémentaire (six-onze ans), la suppression d'environ "un millier d'emplois" d'intervenants extérieurs en langue vivante et d'assistants étrangers est évoquée, ce qui "devrait être sans conséquence sur l'enseignement des langues", selon le ministère.

Et toujours dans le premier degré, concernant les enseignants spécialisés dans la lutte contre l'échec scolaire (dits "Rased"), le document évoque trois scénarios dont un de suppression totale de leurs postes, tout en notant "les difficultés rencontrées" dans la mise en oeuvre de cette politique en 2009.

En collèges, le ministère prône aussi d'examiner "la taille des classes", et de continuer à fermer des petits établissements; en lycées, il est proposé de "rationaliser" l'offre scolaire et la carte des formations.

Ce "dialogue" entamé début mai entre le ministère et les académies doit aboutir le 15 juin à élaborer le "schéma d'emplois" pour les rentrées 2011 à 2013. Environ 40.000 postes ont déjà été supprimés dans l'Education nationale entre 2008 et 2010.

NOT FOR PROFIT ! Rappel !!!

« we must resist efforts to reduce education to a tool of the gross national product. Rather, we must work to reconnect education to the humanities in order to give students the capacity to be true democratic citizens of their countries and the world. »

lundi 31 mai 2010

NOT FOR PROFIT !

Not For Profit: Why Democracy Needs the Humanities
Martha C. Nussbaum

Cloth | 2010 | $22.95 / £15.95
178 pp. | 5 1/2 x 8 e-Book | 2010 | $22.95 | ISBN: 978-1-4008-3422-8


In this short and powerful book, celebrated philosopher Martha Nussbaum makes a passionate case for the importance of the liberal arts at all levels of education.

Historically, the humanities have been central to education because they have rightly been seen as essential for creating competent democratic citizens. But recently, Nussbaum argues, thinking about the aims of education has gone disturbingly awry both in the United States and abroad. Anxiously focused on national economic growth, we increasingly treat education as though its primary goal were to teach students to be economically productive rather than to think critically and become knowledgeable and empathetic citizens. This shortsighted focus on profitable skills has eroded our ability to criticize authority, reduced our sympathy with the marginalized and different, and damaged our competence to deal with complex global problems. And the loss of these basic capacities jeopardizes the health of democracies and the hope of a decent world.

In response to this dire situation, Nussbaum argues that

we must resist efforts to reduce education to a tool of the gross national product. Rather, we must work to reconnect education to the humanities in order to give students the capacity to be true democratic citizens of their countries and the world.

Drawing on the stories of troubling--and hopeful--educational developments from around the world, Nussbaum offers a manifesto that should be a rallying cry for anyone who cares about the deepest purposes of education.

Martha C. Nussbaum is the Ernst Freund Distinguished Service Professor of Law and Ethics in the Philosophy Department, Law School, and Divinity School at the University of Chicago. She is the author of many books, including Hiding from Humanity: Disgust, Shame, and the Law (Princeton).

jeudi 27 mai 2010

Les méfaits annoncés de la LRU (31) : ce n'est qu'un début...


Vous voulez devenir professeur, instituteur ? Vous aurez à payer vous même une formation au métier qui n'est plus assurée par le ministère de l'éducation (nationale ? ).
Il paraît que c'est organisé par le groupe L'Oréal... A moins que ce ne soit par la RATP ?