mardi 29 septembre 2009

Cet argent, c’est le salaire des absents, ces collègues qui n’ont pas été recrutés

Le système des primes se met en place à l'université !

Analyse du collectif « Réinventer l’université (Paris VI — Pierre et Marie Curie) », lundi 28 septembre 2009, publiée sous le titre « Les primes individuelles : la corruption du service public par le clientélisme ».

Extraits significatifs :

« Cet argent, c’est le salaire des absents, ces collègues qui n’ont pas été recrutés faute de postes. Cet argent, c’est aussi celui qu’on a économisé en laissant nos salaires se dévaloriser.

Pourtant, il n’y en aura pas pour tout le monde, loin de là ! Pour cette année, il y aura en tout 100 primes pédagogiques (PIP) et seuls 30% des Maîtres de conférences auront une prime de recherche (PIR). Ce sont donc au moins les deux tiers qui n’auront rien.

Qui choisira les heureux bénéficiaires ? La haute Nomenklatura qui bénéficie de primes automatiques substantielles (de 7000 à 40000 euros), échappe à toute évaluation pour mieux peser sur la distribution des primes aux personnels. On a vu plus haut qu’il n’était pas même question de recueillir l’avis du CNU (nous sommes les meilleurs : à quoi bon demander leur avis à des gens qui sont moins bons que nous !). Les commissions d’attribution seront principalement composées de notables (directeurs d’UFR, de labo, d’EFU, membres de directoires etc.) et de nommés (ces deux conditions n’étant pas exclusives). Mais peu importe la composition de ces commissions puisque c’est le président qui aura le dernier mot, tout comme pour les promotions : on a vu qu’il n’a pas hésité à récuser le classement d’un de ses comités d’experts pour les promotions en classe exceptionnelle. Inutile donc de perdre trop de temps à remplir avec soin un dossier, allez plutôt revêtir votre habit de courtisan, et préparez de quoi médire en haut lieu sur vos collègues. »

Autonomie des université !

La dépêche citée dans le message précédent se terminait par ces mots de Mme Pécresse : « Avec ce texte, "chaque université est libre de choisir le mode d'élection qu'elle retient: elle a le choix entre le vote papier traditionnel ou le vote électronique". "La proposition de loi n'oblige personne. Elle offre simplement aux universités une solution nouvelle", a-t-elle encore affirmé. »
On aura remarqué qu'il n'a pas fallu moins qu'un débat à l'Assemblée nationale, et une proposition de loi, pour tenter de régler (de ne pas régler en fait) une question qui peut paraître malgré tout secondaire dans son aspect technique. Confirmation, s'il en était besoin que le mot « autonomie » dont se gargarisent les réformateurs est une pure hypocrisie, même dans le domaine financier où, apparemment (et heureusement !), les comptes seront encore plus épluchés par le pouvoir central et ses représentants qu'auparavant !
L'Assemblée nationale n'aurait-elle pas mieux à faire, ou ne pourrait-elle pas discuter sur le fond : pourquoi si peu d'étudiants, si peu de Tanguys, s'intéressent-ils aux élections universitaires ?
En tout cas, les députés voteront ? voteront pas ? Et le Sénat (ce grand oublié de la République) ? Dieu, quel suspense ! Que la démocratie française est jolie !

lundi 28 septembre 2009

Maman est venue à la rescousse de Tanguy !

Le Monde électronique relaie ce soir une dépêche de l'AFP 28.09.09 | 18h52 :

« La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a apporté son total soutien lundi à la proposition de loi UMP sur l'autorisation du vote électronique aux élections universitaires, y voyant "une évolution naturelle" et un gage de "transparence". »

Mme Pécresse aurait dit notamment à l'Assemblée nationale en s'adressant aux députés de l'UMP :

« Vous ne voulez plus que des soupçons pèsent sur la démocratie étudiante. Je partage votre souhait. Ces soupçons sont autant de raisons qui éloignent les 2 millions d'électeurs potentiels des urnes. »

Nous voudrions tellement que les députés UMP (et les autres, d'ailleurs), ainsi que Mme Pécresse, ne veuillent plus que des soupçons pèsent sur la démocratie tout court ! Car combien de millions d'électeurs potentiels ne sont-ils pas éloignés des urnes, professionnelles ou politiques, par l'évidente inefficacité de leurs votes ? Notamment dans un pays où l'on a foulé aux piedx la volonté populaire après qu'elle se fut clairement exprimée dans le référendum sur l'Europe ! Et où l'exécutif domine complètement le judiciaire, le législatif et la plupart des médias...

« Maman ! Au secours ! » Ou les Tanguy de l'UMP

Dépêches de l'Education du Lundi 28 septembre 2009
Vote électronique à l'université: les députés UMP en appellent à Pécresse

« Les députés UMP ont demandé lundi à la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, "d'intervenir" pour permettre à leur proposition de loi sur l'autorisation du vote électronique aux élections universitaires, vivement contestée par la gauche, "d'aboutir".

Dans un communiqué commun, l'auteur du texte, Arnaud Robinet, et plusieurs de ses collègues UMP dénoncent, à quelques heures de l'examen en séance, "le blocage du PS" et "l'argumentation plus que douteuse" du président PS de la commission des Finances, Didier Migaud, qui a jugé l'essentiel du texte irrecevable car il entraîne, selon lui, une nouvelle charge pour l'Etat.

Les signataires "demandent avec force au gouvernement d'intervenir et d'utiliser les pouvoirs qui lui sont reconnus par la Constitution pour permettre à l'initiative parlementaire, injustement interrompue par (M. Migaud), d'aboutir".

Mme Pécresse, en tant que ministre de l'Enseignement supérieur, représentera le gouvernement à l'Assemblée sur ce texte.

"Les avis sont unanimes pour considérer que le vote par voie électronique non seulement facilite l'exercice du droit de vote par les électeurs mais est aussi générateur d'économies --15% en moyenne--", estime M. Robinet.

"L'opposition de principe du PS, dépourvue d'arguments de fond, à la mise en place d'un mode de scrutin transparent et sincère, s'apparente à un déni de démocratie qui n'est pas sans lien avec les pratiques internes au PS", affirme-t-il dans ce communiqué. »

Source :

Hélas !

LE MONDE.FR : Dernière minute
lundi 28 septembre 2009
Nouveau suicide chez France Télécom
Un salarié de France Télécom s'est suicidé, lundi 28 septembre au matin en Haute-Savoie, en se jetant du haut d'un viaduc surplombant une autoroute, a-t-on appris auprès de la préfecture, qui précise qu'il a écrit une lettre d'adieu dénonçant "le climat au sein de son entreprise". (AFP)

Évaluation (suite)

Dans son édition datée du samedi 26 septembre 2009, Le Monde publie un excellent dossier sur l'évaluation, et les suicides au travail à France Télécom, entreprise devenue le symbole des maux du nouveau management des entreprises. Citons d'abord le chapeau introductif de ces 3 pages très denses :

« les racines du mal : Axé sur la gestion, la rentabilité et l'individualisme plutôt que sur le métier bien fait et le vivre-ensemble, le management actuel génère un environnement pathogène. Pistes et analyses pour sortir de cet engrenage »

Retenons-en encore quelques lignes au moment où les réformes universitaires veulent introduire à l'université et à l'école les nouvelles valeurs de « gestion, rentabilité et individualisme » ; et à l'heure même où un président d'université semble trahir sa véritable ambition (+ 40.000 euros de prime annuelle) dans un lapsus des plus révélateurs (cf. message précédent).
Il s'agit du début de l'article intitulé « France Télécom : l'évaluation individuelle à l'origine du mal-être — Les salariés les plus investis pâtissent davantage du harcèlement moral », article rédigé par Marin Ledun, chercheur en sciences humaines et sociales, écrivain, et Brigitte Font Le Bret, psychiatre et médecin du travail à Grenoble :

« Les nouvelles formes du travail, caractérisées par la modulation individualisée de la gestion salariale, génèrent de manière croissante depuis une dizaine d'années des décompensations psychiques graves de nature autoagressive ou hétéroagressive. Les conséquences psychiques et sociales sont malheureusement catastrophiques. Pensons qu'en France près de 400 suicides sont directement imputables à une souffrance au travail, soit la même proportion que les décès dus à des accidents du travail.
La situation que connaît l'entreprise France Télécom depuis cinq ans, avec 23 suicides sur les dix-huit derniers mois, en est la triste expression. A ce chiffre s'ajoutent ceux des nombreuses tentatives de suicide, du personnel en arrêt-maladie pour dépression, et des multiples incidents qui émaillent le quotidien des salariés.
Cette situation était malheureusement prévisible, et de nombreux praticiens de terrain (psychiatres, médecins et inspecteurs du travail, liés par le secret médical, syndicats, responsables des comités hygiène et sécurité) et les salariés eux-mêmes la dénoncent inlassablement depuis longtemps, dans un silence politique quasi total. Et si la direction du groupe et l'Etat, actionnaire et principal employeur de la société, n'inversent pas la tendance, la situation ne fera que s'aggraver. » © Le Monde

Heureusement que la loi LRU/Pécresse se fonde, pour l'établissement des services des enseignants-chercheurs, sur « la modulation individualisée de la gestion salariale ». Déjà que c'est, traditionnellement, une profession à haut risque de « décompensations psychiques graves de nature autoagressive ou hétéroagressive »... Bonjour les dégâts !

L'université est une entreprise...

dimanche 27 septembre 2009

Pour la droite, c'est toujours la démocratie formelle qui compte (aux 2 sens du terme)

Le député UMP, Arnaud Robinet, devant présenter lundi à l'Assemblée nationale un projet de loi sur le vote électronique pour les élections dans les universités, a déclaré : « Pour vivre, la démocratie universitaire requiert une forte participation ».

Cependant, le député UMP, Arnaud Robinet, ne se demande pas pourquoi, jusqu'à présent, seule une très petite minorité d'étudiants vote aux élections universitaires. N'est-ce pas surtout parce que l'immense majorité a la très nette impression que cela ne sert à rien ? Et ce n'est pas la diminution de la représentation étudiante au sein des conseils universitaires votée par l'UMP dans la loi LRU qui va convaincre les étudiants de s'impliquer davantage dans des votes, même électroniques !

Pour ce qui est des personnels, surtout des personnels enseignants, la participation est satisfaisante, paraît-il. Sauf que la représentativité de la minorité (ce qu'on appelle démocratie, normalement) a été diminuée par la LRU, en donnant, dans le nouveau mode électoral actuel, une prime exorbitante à la majorité. De plus, les enseignants-chercheurs, par définition bons élèves, ont une fâcheuse tendance à faire toujours ce qu'on leur dit de faire. Le mouvement du printemps dernier étant à cet égard exceptionnel, bien que, dans les faits, on remarquera qu'il y a eu, au niveau des enseignants, davantage vacance des cours et suivisme des étudiants — actifs ou passifs — que paralysie véritable du système. Un système qu'on a vu plutôt continuer à fonctionner sans problèmes graves, ce qui est parfaitement confirmé par les satisfecit triomphants émanant des autorités académiques et ministérielles en cette rentrée universitaire, selon elles, déjà réussie.

De toute façon, il s'agit, plus, dans cette proposition de loi, de mieux comptabiliser d'éventuels votes anti-grèves et anti-blocages que de favoriser l'expression démocratique dans les élections aux conseils universitaires, conseils dont on se doute bien que M. Arnaud Robinet, député UMP, se fiche comme de sa première chemise, étant donné que la loi donne les quasi pleins pouvoirs aux présidents d'université, Car c'est bien là l'esprit de la loi LRU ! Tout comme c'est bien là l'esprit de nos institutions, puisqu'on constate par ailleurs que le gouvernement (le président, plutôt) se soucie comme d'une guigne des propositions de loi émanant des parlementaires ! Et peut-être même, qui sait ? de celle de M. Arnaud Robinet, député UMP !

Quoi qu'il en soit, si on se souvient bien, on n'a pas remarqué que, dans les rares endroits où il a été procédé ce printemps à des votes électroniques au sujet des blocages, il y ait eu plus de participation étudiante que par les moyens traditionnels.

On confond donc ici, comme toujours à droite, la forme et le fond, les moyens et l'esprit. La démocratie formelle ne saurait être la véritable forme de la démocratie.

« Le vote électronique à l'université, un texte polémique
Cette proposition de loi vise à relever le nombre de votants dans les élections universitaires

Le député UMP, Arnaud Robinet, présentera lundi à l'Assemblée nationale un projet de loi sur le vote électronique pour les élections dans les universités. Il s'agit de « permettre le recours au vote à distance par voie électronique lors des élections des membres de conseils des établissements publics à caractère culturel, scientifique et professionnel ».

Elle a été mise sur pied pour relever le nombre de votants aux élections universitaires. Arnaud Robinet a déclaré : « Pour vivre, la démocratie universitaire requiert une forte participation ». Or c'est loin d'être le cas avec une participation de 15 % maximum lors de ces élections. »

Source (et pour lire la suite de l'article) :

samedi 26 septembre 2009

Quand McDo célébre les 60 ans du communisme en Chine


Plus de références dans la revue de presse du Cercle Tibet Vérité (cf. « ma liste de blogs » dans la colonne de droite), revue quotidienne aux choix judicieux et qui ne recherche pas la vérité uniquement sur le Tibet et la Chine, même si elle la traque en grande partie chez les minorités et peuples opprimés. Il est aussi bien des minorités, voire des majorités, opprimées dans notre belle démocratie, nos belles démocraties occidentales (quoique Étourneau devienne de plus en plus américain, malgré McDo, depuis l'élection d'Obama... Quelle cervelle d'oiseau serait sans défaut ?)

L’université et la recherche en colère. Un mouvement social inédit


Étourneau vous recommande chaudement la lecture du livre suivant :

L’université et la recherche en colère Un mouvement social inédit ISBN : 978-2-9149-6861-4
Éditions du Croquant

Auteurs : Sous la direction de Claire-Akiko Brisset
Henri Audier, Geneviève Azam, Déborah Blocker, Julia Bodin, Claire-Akiko Brisset, Isabelle Bruno, Didier Chatenay, Hélène Cherrucresco, Christian de Montlibert, Georges Debrégeas, Antoine Destemberg, Olivier Ertzscheid, Marcel Gauchet, Pierre Jourde, Christophe Mileschi, Daniel Mortier, Frédéric Neyrat, Sylvain Piron, Michel Saint-Jean, SLU (Sauvons l’Université !), Philippe Selosse, Charles Soulié, Isabelle This Saint-Jean, Alain Trautmann, Ian Vickridge

Parution en librairie le 08/10/2009, si vous désirez le commander immédiatement cliquez sur ce lien :


« “ Depuis combien de temps n’avons-nous pas un débat sur quelle était la politique scientifique de la France ? C’est quand même un sujet ! ” Ainsi que l’a lui-même réclamé le 22 janvier 2009 Nicolas Sarkozy dans son discours “ À l’occasion du lancement de la réflexion pour une stratégie nationale de recherche et d’innovation ”, le débat a eu lieu. En partie suscité par ce même discours au style inimitable, il s’est tenu dans les universités, dans les laboratoires de recherche et dans la rue. Il a été conduit par des enseignants-chercheurs, des chercheurs, des personnels administratifs et techniques, par des étudiants et par des concitoyens durant des mois. Parallèlement à d’autres mouvements sociaux inédits comme la lutte contre la réforme de l’hôpital public, ses acteurs ont eu le sentiment de mener seuls ce débat. Ils se sont heurtés à un gouvernement non seulement sourd à toutes les formes de protestation, mais avant tout soucieux de priver de toute crédibilité ce mouvement de grève et de contestation unique, dans l’histoire de l’université française, par son ampleur et sa longueur. Certes, les « réformes » mises en œuvre progressivement ne datent pas d’hier, mais ce gouvernement a plus à cœur que d’autres d’accélérer le processus de marchandisation du service public, n’hésitant pas au besoin à user de mensonges flagrants, complaisamment relayés par les médias. Le but de ce livre est de rétablir quelques vérités et de permettre à des acteurs du mouvement de s’exprimer : qu’est-ce que l’université et plus généralement le monde de la recherche aujourd’hui ? Quelles sont ces « réformes » qu’on veut leur imposer et pourquoi s’y opposent-ils avec tant d’énergie ?
Claire-Akiko Brisset est maître de conférences à l’université Paris Diderot-Paris 7. Spécialiste de l’histoire de la culture visuelle japonaise classique et moderne et d’histoire de la littérature japonaise classique, elle a récemment publié À la croisée du texte et de l’image : paysages cryptiques et poèmes cachés (ashide) dans le Japon classique et médiéval, Paris, Collège de France, 2009. »

jeudi 24 septembre 2009

École et démocratie

« les parlementaires de la majorité UMP sont déterminés à faire valoir leurs prérogatives face à un exécutif rétif à la "coproduction" législative. », nous apprend-on ce matin dans les médias, ce qui en dit long sur les pratiques actuelles.

À l'école, puis au collège, au lycée, et, enfin, à l'université, on nous a appris qu'une démocratie n'est véritablement effective qu'avec la séparation des 3 pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire.

Il devenait donc urgent pour ce gouvernement de réformer l'école, le collège, le lycée et l'université où l'on enseigne des choses dangereuses et inutiles.

L'incompréhension dont certains journalistes français font preuve en rendant compte des difficultés du président Obama à faire passer ses réformes (de vraies réformes allant dans le sens du progrès social) est d'ailleurs sur ce sujet de la séparation des pouvoirs très symptomatique. Ils ont du mal à se représenter le pouvoir législatif faire autre chose que voter les lois de l'exécutif !

Cf. par exemple :

mercredi 23 septembre 2009

« Cette fécondité de l'idéal est-elle épuisée ? »


« Car si désarroi de l'Europe il y a, ne vient-il pas d'abord de ce que celle-ci a décroché de ces idéalités qui l'ont si longtemps portée : le Beau, le Juste, le Vrai ? Ainsi que de leur mise en œuvre impitoyable par la Révolution. Révolution se renouvelant dans l'art, dans la science, dans la Cité.
Cette fécondité de l'idéal est-elle épuisée ? »


François Jullien, L'invention de l'idéal et le destin de l'Europe — ou « Platon » lu de Chine, Seuil, septembre 2009, p. 9

Libellés possibles pour une dissertation à l'ancienne, pour notre défunte et sacro-sainte dissertation :

À la lumière de ces lignes du philosophe sinologue
— vous vous demanderez si on peut y remplacer le mot « Europe » par « université ».
— vous vous demanderez si on ne peut pas caractériser notre époque actuelle comme une phase contre-révolutionnaire, et la mise en œuvre de l'Europe comme profondément anti-européenne.
— vous vous interrogerez sur le sens et la valeur historique ou politique du verbe « décrocher » et de l'adjectif « impitoyable » employés ici par l'auteur.




mardi 22 septembre 2009

Enfin du concret ! ou libérons Tanguy !


Commentaire : On ne saurait penser, à la lecture de ce blog, qu'Étourneau éprouve une sympathie particulière pour Madame Pécresse et les idées qu'elle défend ou « concrétise ». Cependant, une fois passée la spontanéité du rire, un certain malaise ne vous prend-il pas devant tant de machisme ? Devant, particulièrement, les sourires narquois de trois hommes politiques de et en premier plan ? Gauche et droite pour une fois sur la même longueur d'onde... Le comique cache toujours quelque chose de triste...

"Créer, c'est résister. Résister, c'est créer."



Et voir l'article de Franck Nouchi dans Le Monde du 16 septembre

Journalisme idéologique


Les journalistes de droite, ou conservateurs, ou néo-libéraux acharnés, ou anti-intellectuels, ou que sais-je encore ? sont désarçonnés par les premières statistiques des inscriptions dans les universités. Dans leur esprit fortement idéologisé, le théorème suivant ne peut être remis en question :

Grèves + blocages + contestation = désaffection, décadence, pourrissement

Cependant, les chiffres, les réalités sociales et économiques (quelle autre offre de formation pour tous ceux qui ont été éliminés des filières dites d'excellence, ou donnant droit à la sortie à un emploi automatiquement défini ou attribué) ; la bonne qualité globale d'universitaires que les média, dont Les Échos, s'empressent d'exploiter dans tous les domaines, alors même qu'ils sont mal chauffés, mal éclairés, mal payés ; un certain idéalisme de la jeunesse qui croit encore au savoir désintéressé ; des parents qui préfèrent voir leurs enfants ailleurs que dans la rue et livré au chômage, toutes ces réalités sont têtues.

Le plus drôle ici (si la situation n'était pas aussi alarmante), c'est que ces mêmes journalistes ultra-libéraux ne suivent même plus la com de Mme Pécresse, du ministère, des autorités académiques, qui préfèrent mettre en avant le succès de réformes qu'ils imposent inexorablement et à marche forcée envers et contre tous. C'est le dynamisme propre de ces réformes, avec quelques petits millions d'euros disséminés ici et là, qui expliquent, selon cette com, l'attractivité intacte, sinon augmentée, des universités. Car il sera toujours temps, le moment venu, et les esprits calmés, soudoyés, résignés, de passer au stade supérieur : augmentation des frais d'inscription, défonctionnarisation et précarisation des statuts de tous les acteurs de l'éducation et de l'université, privatisation et marchandisation de secteurs entiers de la recherche et de la production des savoirs, recentrement des savoirs sur les sciences dures, la technologie et les sciences économiques en asphyxiant tout le reste.
Force est de constater, en tout cas, que l'autosatisfaction ministérielle ne rencontre aucun écho dans Les Échos, journal qui escomptait probablement que l'effondrement rapide du système actuel accélérerait le passage à l'université non pas moderne (si tant est que la modernité remonte aux Lumières du XVIIIe siècle), mais post-moderne, surmoderne, hypermoderne, ou tout ce que l'on voudra, c'est-à-dire en somme, réactionnaire par rapport au progrès social et à l'émancipation des individus.
Les Échos vont très loin dans l'idéologisation de leur analyse, jusqu'à accuser presque ouvertement les universités de trafiquer leurs statistiques, dans ce titre symptomatique : « Les universités affirment échapper au contrecoup des grèves » !


« Les universités affirment échapper au contrecoup des grèves

[ 22/09/09 ]

« C'est une très bonne nouvelle. » Patrick Paris, directeur de cabinet du président de l'université Montpellier-III Paul-Valéry, ne cache pas son soulagement au vu des résultats d'inscription de cette rentrée. Alors qu'au printemps dernier l'établissement avait connu huit semaines de grève du fait de la fronde étudiante, le nombre de bacheliers s'inscrivant pour la première fois à l'université sera cette année à la hausse. « Avant même la clôture des inscriptions, nous comptons aujourd'hui 2.566 inscrits en première année de licence, soit 100 de plus que l'année dernière », indique Patrick Paris. Une tendance d'autant plus étonnante que les effectifs étaient orientés à la baisse depuis cinq ans.
« Pas de corrélation »

D'autres universités durement touchées par les grèves au premier semestre annoncent des effectifs stables voire en hausse à la rentrée. Ainsi, l'université de Caen constate une « légère augmentation » de ses inscrits en première année de licence, tandis qu'à l'université de Reims Champagne-Ardennes - onze semaines de grève, dont cinq semaines de blocage -, la hausse est de 1 %. Au sein de l'université de Dijon Bourgogne, cette augmentation se monte à 2 %, soit 90 étudiants en plus. « Il n'y a pas de corrélation entre les mouvements et les inscriptions. Pour preuve, les filières les plus affectées par les blocages ne sont pas celles qui perdent le plus d'étudiants », souligne Sophie Déjean, présidente de l'université. Ainsi, les inscrits en psychologie augmentent de 8 % alors même que les cours de cette discipline y ont été bloqués durant des semaines. A l'inverse, la filière sciences et gestion, pourtant non impactée, enregistre une diminution de ses effectifs.
Résultats temporaires

La semaine dernière, la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse s'est, d'ailleurs, félicitée de la stabilisation des effectifs d'étudiants inscrits à l'université après plusieurs années de baisse. Ces résultats ne manquent néanmoins pas d'étonner, d'autant que le nombre de bacheliers en 2009 dans ces régions est stable, voire en léger recul. « Nous récoltons le fruit de notre politique d'attractivité », assure Patrick Paris. L'année dernière, l'établissement a mis en place de nouveaux contenus de licence, intégrant davantage de périodes de stages et de découverte de l'univers professionnel. Du côté de l'université de Bourgogne, on met en avant la nouvelle procédure d'inscription « admissions postbac », généralisée cette année à tous les bacheliers de France.

Reste que ces premiers résultats doivent être pris avec précaution. Les inscriptions ne sont pas closes, voire n'ont pas débuté dans les établissements les plus impactés par les grèves, qui ont dû repousser la reprise des cours. Tel est le cas à l'université de Toulouse-II Le Mirail, dont les inscriptions en première année de licence ne sont ouvertes que depuis hier. De même, certaines universités très touchées par les grèves, comme Rennes-II, n'ont pas encore communiqué leurs chiffres.

MAXIME AMIOT, Les Echos »


lundi 21 septembre 2009

Réforme Pécresse = bureaucratie soviétique


On ne saurait trop recommander la lecture de l'article « L'usine à gaz de la réforme universitaire » publié sur son blog par Pierre Jourde (Écrivain, professeur et critique littéraire).

En voici quelques extraits frappants :

« Naguère, une plaisanterie récurrente comparait le système éducatif français à l'armée rouge. Les effectifs étaient du même ordre. Il serait encore plus juste de dire que l'éducation nationale et l'enseignement supérieur réunis offrent désormais un bon équivalent de la défunte bureaucratie soviétique : un système étouffant, hermétique, à la complexité délirante, où l'on traque le moindre espace libre et non réglementé, où l'on produit continûment des rapports rédigés dans l'idiome clérical de rigueur. »

« Cette année, je ne vois que des collègues moroses, que l'idée de la rentrée lasse par avance. Non pas à cause de l'enseignement et de la recherche, qui constituent toujours la partie passionnante de ce métier, mais dans la perspective d'interminables et innombrables réunions à l'utilité hypothétique, et de monceaux de papiers à remplir, d'une variété sans cesse renouvelée. On aura bientôt réussi à démolir l'un des plus beaux métiers qui soient, et à métamorphoser des intellectuels souvent brillants, recrutés au terme d'une sélection impitoyable, en ternes gestionnaires s'acquittant, dans des bâtiments sordides, et pour des salaires médiocres, de corvées ennuyeuses. »

Pierre Jourde y cite aussi, dans la Revue du droit public, un article de Paolo Tortonese, « Eloge de l'universitaire », et notamment ceci :

« je me demande si l'université peut être simultanément, dans ses premiers cycles, une garderie pseudo-professionnelle, telle que la souhaitent ses détracteurs, et dans les cycles avancés une formation de très haut niveau, telle que la société l'exige et que les grandes écoles sont, structurellement, incapables d'être puisqu'elles fonctionnent comme des agences de placement pour les cadres supérieurs de la nation »


dimanche 20 septembre 2009

« La question est de savoir comment faire entrer massivement les capitaux privés dans l’institution universitaire »


Dans notre série « Capitalisme et Université » : à consulter nécessairement l'analyse de Bernard Gensane sur son blog http://blogbernardgensane.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/09/20/les-ravages-de-la-lru-103.html. Analyse parue ce jour sous le titre « Les ravages de la LRU (103) », et dont nous retenons tout particulièrement le passage suivant :

« Lorsque je suis entré dans l’Université française en 1966, on se demandait comment faciliter l’accès des enfants d’ouvriers dans l’Alma Mater. Les travaux de Bourdieu, Baudelot, Establet nous avaient déjà convaincus que l’Éducation nationale française, loin de l’idéal républicain, ne faisait que reproduire les inégalités sociales, quand elle ne les renforçait pas.

Aujourd’hui, nous n’en sommes plus là. La question est de savoir comment faire entrer massivement les capitaux privés dans l’institution universitaire, et donc comment donner toujours plus de pouvoirs aux intérêts privés. Cette mutation, aussi désarmante que scandaleuse, s’est opérée en moins de vingt ans. De nombreux enseignants de gauche, pas toujours à leur corps défendant, l’ont facilitée. »

En effet, c'est toute une génération qui se voit flouée, trompée, « schizophrénisée » dans ce qu'elle avait cru être l'université, l'universel, ou du moins dans ce qu'elle avait cru des capacités du système à se réformer. Alors que nous n'avons plus que ce qu'il faut bien appeler une contre-réforme réactionnaire par rapport aux réformes progressistes attendues, espérées.
La Princesse de Clèves ne doit pas nous masquer le fait que c'est plutôt, ou plus massivement, plus fondamentalement, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, et les autres, que jugent inutiles Sarkozy-Pécresse. Ces lumières qui formaient le socle de notre enseignement littéraire au collège et au lycée, sur lesquelles nous nous sommes finalement écrasés, brûlés, comme vulgaires papillons de nuit, mais dans l'esprit desquelles Tzvetan Todorov persiste encore à voir le salut d'une refondation possible de notre vie commune.

samedi 19 septembre 2009

Ah ! si Mme Pécresse, elle savait ça !


Des photos de nos étudiants envoyés dans les Facs japonaises :


Sur la plage de Kamakura. En arrière-plan le mont Fuji (eh oui...) !


Attention Big-Brother vous guette !



Photos SF, tous droits réservés.

Capitalisme et Université (suite)


Ou pourquoi la contre-réforme Pécresse va passer (Une prime vaut bien la destruction des idéaux et de la liberté universitaires)...

Au Canada :

Université de Montréal - Les hauts cadres s'enrichissent malgré le déficit
Lisa-Marie Gervais
Édition du samedi 19 et du dimanche 20 septembre 2009

« Malgré ses difficultés financières, l'Université de Montréal bonifie le chèque de paye de ses hauts dirigeants. Le Devoir a appris que l'Université de Montréal aurait consenti des augmentations de salaire rétroactives pour 2007 et 2008 au recteur et à de hauts membres de la direction totalisant plus de 2,5 millions, et ce, malgré un budget de fonctionnement déficitaire pour l'année en cours. »


Et en France :

Primes annuelles :
« Pour certains, excellence automatique
Les rentiers (sans aucune évaluation de leur activité : particularité, ils votent toujours avec le président)
- Coordinateur du directoire de la recherche ou des formations : 7 000 euros
- Animateurs des pôles : 7 000 euros avec pourboire éventuel pour leur équipe
- Directeurs de labo ou de département de formation : 3 500 euros à 7 000 euros
Les allées du pouvoir
- Vice-présidents : 10 000 euros
- Chargés de missions et directeurs d’UFR : 7 000 euros
- Directeurs adjoints d’UFR : 3 500 euros
Le gouverneur et ses vizirs
- Le président : sa prime a été fixée par la ministre à 40 000 euros (+220%)
- Le secrétaire général, promu directeur général des services : nouvelle grille salariale, prime + 15%
- L’agent comptable, promu : prime + 40%.
Bien entendu, ces primes sont cumulables entre elles (jusqu’à deux), et avec des décharges d'horaires et des heures supplémentaires. »

Source : tract CGT - FO - SNCS - SNESUP – SUD éducation - SLR : « LES PRIMES INDIVIDUALISÉES, C'EST : L'instabilité de nos revenus L'arbitraire, la mise au pas idéologique et le clientélisme La mise en concurrence entre collègues, au détriment du travail d'équipe »

vendredi 18 septembre 2009

Capitalisme et Université


Soit 1. — une belle promesse de Mme Pécresse interviewée dans le belle Dépêche du Midi du 10 septembre :
« La dotation Campus Toulouse s'élèvera à 350 millions d'euros en capital. Cette somme sera donnée à vie à Toulouse. Elle ne pourra pas être dépensée mais elle permettra d'asseoir financièrement le Pôle de Recherche et d'enseignement supérieur. Avec les revenus de ces 350 millions d'euros, Toulouse pourra financer les loyers partenariats publics-privés, et les intérêts permettront ensuite de financer d'autres projets sur le très long terme. C'est aussi une dotation donnée aux universités pour renforcer leurs alliances. »

Soit, ensuite, 2. — les commentaires de ladite Dépêche du Midi :

« la dotation de 350 millions en capital va permettre de démarrer rapidement d'indispensables travaux. La somme sera placée en banque, et sur la base de 4 %, devrait rapporter 14 millions d'euros chaque année dans les caisses du Pres (Pôle de recherche et d'enseignement supérieur, institution qui regroupe désormais toutes les facs toulousaines). Ce capital placé lui permettra de garantir les emprunts nécessaires au lancement des travaux, et les intérêts acquis serviront à rembourser les annuités. »

Et soit, enfin, 3. —

Alerte Google Actualités : université

L'Université de Harvard a perdu presque 11 milliards de dollars
La Vie Financière
L'Université de Harvard a connu une année fiscale bien pire que celle des autres universités. Le succès de leur stratégie d'investissement les avait fait ...
On tremble pour les 14 petits millions annuels d'euros ! Espérons que la gestion du capital sera confiée à des experts aussi qualifiés que ceux de Harvard. Il est vrai que l'université de Toulouse I est devenue Toulouse School of Economics.
On doit donc s'attendre au mieux et non au pire.

Sources :

et

La Vie Financière

Où l'on fait le panégyrique du modèle social français...

Le modèle social français serait envié, prôné par le nouveau gouvernement japonais et par un large secteur politique américain ! Ce même modèle que l'actuel gouvernement français remet en cause et veut saper ! Comprenne qui pourra !


vendredi 18 septembre 2009

L'alternance politique au Japon

Jean-marie Bouissou, Directeur de recherche au CERI-Sciences Po, spécialiste du JApon contemporain.

Auteur de : Le Japon contemporain, Paris,CERI/Fayard

EN DUPLEX DE TOKYO: Mr Hisanori Isomura, ancien Directeur de la NHK (televison nationale du japon) et de la maison de la culture du Japon à Paris


jeudi 17 septembre 2009

Schizophrénie (suite 2)

Corinne Lepage : «le gouvernement a un discours schizophrène sur Internet!»

Sylvain Lapoix - Marianne | Mardi 15 Septembre 2009 à 15:48 |