« maîtriser la mobilisation " numérique " consistant à monter rapidement un blog »

Dans une analyse brillante dans son aspect synthétique des plus resserré, Luc Cédelle, dans le numéro du Monde daté de ce jour, traite du sujet « Des enseignants en quête de nouveaux modes d'action ». Déjà, le titre est une prouesse de concision, tant au fond il se suffirait à lui seul. Tout est dit ! Il suffit de développer quasiment abstraitement cette affirmation sur le mode dissertatif (ou dissertationnel ? D'ailleurs gageons que la dissertation vit ses derniers beaux jours, même à l'École Normale Supérieure - Ulm).

Luc Cédelle s'est fait remarquer au printemps dernier dans sa manière de « couvrir » le mouvement universitaire par une objectivité sans concessions, une objectivité qui a fait honneur à sa profession et au journal dans lequel il opère au « service France ».

Dans cette analyse, une passage semble particulièrement marquant :

« Çà et là, certains militants se livrent à des tentatives, pour l'instant peu concluantes, comme, en guise de grève, verser une journée de salaire à une organisation humanitaire. D'autres, avec plus de succès, s'appliquent à maîtriser la mobilisation " numérique " consistant à monter rapidement un blog ou une pétition sur Internet. »

« Maîtriser la mobilisation numérique en montant rapidement un blog » ?! C'est tout ce qui resterait comme moyen d'expression, et surtout de protestation, dans la situation actuelle du blocage d'une époque. On ne peut s'empêcher d'être inquiet, à la réflexion, sur la situation d'une démocratie où le citoyen, dans le sort qui lui est fait, n'a pas plus de recours que le citoyen de la République Populaire de Chine.

On aimerait savoir ce qu'en pense vraiment M. Luc Cédelle qui prophétise, pour finir, la possible irruption d'une crise incontrôlable, c'est-à-dire la disparition du pouvoir des syndicats, et qui, dans un même élan, met en garde la « droite » de ne pas crier trop tôt victoire...

À quand, après Hadopi & Cie, c'est-à-dire la surveillance généralisée des mails, blogs, et autres moyens de coommunication, et en attendant ce que le journaliste du Monde nomme « l'heure de gloire de collectifs ou de coordinations imperméables à toute négociation », le samizdat à la française ?