dimanche 20 septembre 2009

« La question est de savoir comment faire entrer massivement les capitaux privés dans l’institution universitaire »


Dans notre série « Capitalisme et Université » : à consulter nécessairement l'analyse de Bernard Gensane sur son blog http://blogbernardgensane.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/09/20/les-ravages-de-la-lru-103.html. Analyse parue ce jour sous le titre « Les ravages de la LRU (103) », et dont nous retenons tout particulièrement le passage suivant :

« Lorsque je suis entré dans l’Université française en 1966, on se demandait comment faciliter l’accès des enfants d’ouvriers dans l’Alma Mater. Les travaux de Bourdieu, Baudelot, Establet nous avaient déjà convaincus que l’Éducation nationale française, loin de l’idéal républicain, ne faisait que reproduire les inégalités sociales, quand elle ne les renforçait pas.

Aujourd’hui, nous n’en sommes plus là. La question est de savoir comment faire entrer massivement les capitaux privés dans l’institution universitaire, et donc comment donner toujours plus de pouvoirs aux intérêts privés. Cette mutation, aussi désarmante que scandaleuse, s’est opérée en moins de vingt ans. De nombreux enseignants de gauche, pas toujours à leur corps défendant, l’ont facilitée. »

En effet, c'est toute une génération qui se voit flouée, trompée, « schizophrénisée » dans ce qu'elle avait cru être l'université, l'universel, ou du moins dans ce qu'elle avait cru des capacités du système à se réformer. Alors que nous n'avons plus que ce qu'il faut bien appeler une contre-réforme réactionnaire par rapport aux réformes progressistes attendues, espérées.
La Princesse de Clèves ne doit pas nous masquer le fait que c'est plutôt, ou plus massivement, plus fondamentalement, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, et les autres, que jugent inutiles Sarkozy-Pécresse. Ces lumières qui formaient le socle de notre enseignement littéraire au collège et au lycée, sur lesquelles nous nous sommes finalement écrasés, brûlés, comme vulgaires papillons de nuit, mais dans l'esprit desquelles Tzvetan Todorov persiste encore à voir le salut d'une refondation possible de notre vie commune.

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