mardi 21 juillet 2009

Petite discussion matinale entre Yves Madiran et Mr le prof

Discussion tenue sur l'excellent blog http://profdefac.over-blog.com/(pour ceux qui s'intéressent aux problèmes de l'université, et c'est le nécessairement le cas des nombreux lecteurs de « jidaiheisokunogenjô » !) entre le prof et Yves Madiran (qu'on ne présente plus ici !). Espérons qu'Yves Madiran n'aura pas un zéro pointé pour sa « noosphère » ! Pour l'instant, pas de réaction... Affaire à suivre...
Non ! Ouf ! Pas de zéro ! La réponse est arrivée au moment de la rédaction de ce message. On la trouvera donc à sa place à la fin de cette discussion... A suivre tout de même...

La modulation des services, contractualisée avec le président de l'université (ou ses représentants, lesquels d'ailleurs ?), n'a-t-elle pas précisément pour objectif de supprimer toute heure complémentaire payée ? Cet objectif est-il réellement abandonné avec la « réécriture » des décrets sur les services des enseignants-chercheurs ? Sans doute, non ! Puisque la seule innovation notoire est la possibilité de refuser individuellement cette modulation. Possibilité combien illusoire, si l'on veut un tant soit peu progresser dans la « carrière », et ne pas se mettre à dos les collègues ou saborder certains cursus auxquels on tient (particulièrement les masters, toujours plus ou moins sur la sellette dans les universités non programmées pour devenir des centres d'excellence).
Commentaire n° 3 posté par Yves Madiran aujourd'hui à 09h22

La modulation de service est injuste, enfin telle qu'elle a été proposée dans le décret. C'est ce que je disais, on cherche à remettre les choses dans "l'ordre" sous la pression. Il faut bien comprendre que certains chercheurs (voir mon billet sur l'évaluation des enseignant-chercheurs), sont dans des disciplines, ou des universités, où il est très compliqué de publier dans des revues classées. Ce n'est pas pour autant qu'il ne font pas de recherche. Ils en font, sont très investi, ca leur prend tout leur temps également, mais pas de revues classées... Donc pour l'AERES, ca ne compte pas. Donc selon le décret, tant pis pour eux, ils feront + d'enseignement et seront payé pareil...

Ensuite vous avez raison sur les pressions subies d'un point de vue carrière, surtout avec l'autonomie des universités.

Mais au delà de tout ca, le billet traite d'un systeme incitatif pour amener les gens à faire des heures de cours supplémentaires plutot que de la recherche. Et ça je trouve que c'est dommage. Je comprends bien l'intéret si on se place uniquement dans l'enseignement. Si on défiscalise les heures faites sur place, on a moins de chance de voir les enseignants partir à la concurrence pour aller chercher quelques heures mieux payées (écoles consulaires, privées, grandes écoles, etc.). Mais du point de vue de la recherche, c'est vraiment contreproductif.
Réponse de Mr le prof aujourd'hui à 10h03

Bien entendu, on ne peut qu'être d'accord avec vos analyses. Pour la recherche,les langues, littératures et civilisations étrangères, notamment, ne risquent pas d'être bien évaluées par l'AERES. Surtout dans les langues minoritaires (d'un point de vue français !)où les évaluateurs nommés ne sont pas compétents. Et où les possibilités de publication sont restreintes. Il ne faut pas oublier non plus, dans les obstacles à la recherche, les mille et une tracasseries des tâches administratives (dont vous avez peut-être déjà parlé, je ne découvre votre blog que récemment) qui ne risquent pas de décroître... Mais, l'analyse étant une chose, reste la question essentielle : « que faire ? ». Recommencer comme au dernier semestre semble exclu, et un nombre significatif de mandarins bien placés dans la gouvernance ont déjà vu, semble-t-il, tous les avantages qu'ils vont pouvoir ou qu'ils peuvent déjà retirer du système qui se met en place à toute vitesse...
Commentaire n° 4 posté par Yves Madiran aujourd'hui à 10h28

Je vous souhaite la bienvenue alors !

J'ai effectivement commencé à aborder les tâches administratives, vous trouverez le billet ici :
Si le dossier m'était compté...

Je ne suis pas politicien, et ce que je vais dire doit surement être naïf, mais il me semble que si on incite financièrement les gens à choisir l'enseignement plutot que la recherche, on pourrait utiliser ce même argent (défiscalisation, cotisation retraite des heures sup) pour inciter les activités de recherche qui vont au-delà de ce qui est demandé par l'AERES. Je pense à mes collègues du privé qui ont une somme fixe par publication selon qu'elle est classée A, B ou C. Mais comme vous le dites, cela devrait d'abord passer par une évaluation claire de ce qui est attendu de chaque chercheur selon sa discipline et le contexte de son labo. Et là, je pense qu'on est pas arrivé...


Il est évident que les heures de cours sont très simples à controler : soit l'enseignant est devant les étudiants, soit il n'y est pas... et ensuite il n'y a qu'à compter les heures.


Pour le chercheur, le résultat n'a rien à voir avec l'investissement. On peut passer des centaines d'heures à faire de la recherche sans pour autant réussir à publier. Ceci la rend très complexe à évaluer. Car si on paie au temps et non au résultat, on court également le risque que tout un tas de personnes disent : moi je fais de la recherche mais je n'ai hélas pas de résultat... alors qu'ils n'ont rien fait. Du coup on pourrait controler les soumissions plutot que les publications, prendre en compte les congrès s'ils sont sélectifs, les ouvrages (de recherche, en tout cas pas les manuels pédagogiques). Mais tout ceci poserait encore et toujours le problème du controle : qui lirait tous les papiers soumis pour savoir si le chercheur travaille effectivement ? Les mieux placées seraient les revues elles mêmes, mais ce n'est absolument pas leur rôle. Je trouve qu'on les a déjà bien détournées de leur but premier en les classant et en utilisant les publication comme indicateur de performance des chercheurs et des labos.
Réponse de Mr le prof aujourd'hui à 10h49

Le problème est qu'apparemment, on ne nous demande pas notre avis. Sans être un politicien, vos idées (comme toutes les idées qui recherchent une concrétisation) sont éminemment politiques, n'est-ce pas ? Mais où trouverait-on l'espace, dans notre société et plus encore à l'université, propre à la mise en œuvre de ces idées ? N'y a-t-il pas d'ailleurs une sorte de perversité dans le système social actuel : « discutez, bonnes gens, sur vos blogs ; nous, on s'occupe du reste... » Bon, mais je caricature, sans doute... Et une noosphère, c'est mieux que rien...
Commentaire n° 5 posté par Yves Madiran aujourd'hui à 11h03

Comme on dit : vous prêchez un convaincu. Je suis absolument d'accord sur la place du blog qui à moins d'avoir une audience extraordinaire (ce qui n'est pas le cas du mien) ne reste qu'un espace d'échanges d'idées et d'épanchement pour beaucoup. C'est bien pour cette raison que j'ai choisi de ne pas en faire le lieu d'un discours engagé. Sauvons la recherche, sauvons l'université, université en lutte, sont déjà là et je pense que créer des blogs engagés par ailleurs ne ferait que disséminer l'effort de lutte qui se doit d'être concentré. C'est juste qu'hier quand j'ai ouvert mon bulletin de salaire, j'ai eu envie d'en faire un billet toujours dans la volonté pédagogique d'expliquer aux gens comment se passe la vie d'un universitaire, plutot que de lancer un débat. Mais bon, on est à la frontière ici.
Réponse de Mr le prof aujourd'hui à 11h39


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