mardi 7 juillet 2009

Aujourd'hui, le PS n'a pas les idées claires sur l'éducation (Jean-Pierre Chevènement)

Un article très intéressant dans Démocratie & Socialisme — mensuel pour ancrer le parti socialiste à gauche : « L’université : un enjeu stratégique pour le gouvernement » publié le dimanche 1er mars 2009 par Mathias TessierRégis Hémon se terminait par la question suivante :  Quelle réponse de la gauche ? :

« Pour la première fois dans l’histoire moderne, le nombre d’étudiants va diminuer en France. Toute la communauté universitaire, étudiants, enseignants, personnels est attaqué [sic] parce que trop indépendante des pouvoirs politiques et économiques. La grande offensive a commencé. Les socialistes vont-ils regarder le train passer sans réagir ? »

Dans les réactions des lecteurs internautes, Yves Madiran (pour ce nom, voir les messages précédents) écrivait :

1er mars 2009, par Yves Madiran
La réponse à la question posée semble être clairement d’ores et déjà : « oui », nous resterons sans réaction. D’ailleurs la situation de l’université n’intéresse pas assez de voix d’électeurs potentiels (même si on en a déjà perdu, et si on va encore en perdre dans le petit milieu universitaire). Aller en Guadeloupe est plus efficace que parler en Sorbonne ! Aucune réaction audible sur le sujet par aucun responsable politique de gauche, a fortiori du PS. Et si une réaction venait, ce serait si tardivement qu’elle serait, cette fois-ci, à peine plausible... On a l’impression que le PS est bien content que la droite fasse le sale boulot pour n’avoir plus, une fois revenu (hypothétiquement) au pouvoir, qu’à essuyer quelques plâtres, saupoudrer quelque menue monnaie. Car, voyez-vous, bonnes gens,« l’Etat ne peut pas tout ! »

Peut-être était-ce un procès d'intention exagéré, encore que, globalement, et notamment pendant la campagne pour les élections des députés au Parlement européen, on ait très peu entendu le PS sur le sujet (pas seulement le PS). Toujours est-il que dans une enquête très révélatrice faite auprès d'anciens ministres de l'Éducation nationale et publiée sur le site de L'Express ce mardi 7 juillet 2009 sous le beau titre de « Education nationale — Bienvenue en enfer » (Par Laurence Debril, publié le 01/07/2009 12:12 - mis à jour le 01/07/2009 14:58), on trouverait 2 déclarations convergentes faites par 2 ministres politiquement opposés, déclarations qui laisseraient penser que le pronostic d'Yves Madiran n'était peut-être pas tout à fait faux :

Xavier Darcos :"Le PS ne désapprouve pas tout ce que j'ai fait, j'y ai de nombreux amis, nous nous parlons. Ils ne se précipitent pas pour réinvestir ce terrain. Ils savent bien que, s'ils revenaient aujourd'hui, ils n'auraient plus à effectuer les suppressions de postes. Et ils ne peuvent pas être contre l'idée d'aider les plus défavorisés."

Jean-Pierre Chevènement : "Pour l'Education, même de Gaulle avait choisi un ministre de gauche, le seul membre socialiste du gouvernement Debré en 1959 : André Boulloche. Aujourd'hui, le PS n'a pas les idées claires sur l'éducation et les gens de droite s'en foutent." 

Oui ! On aura bien lu : « Ils [le PS] savent bien que, s'ils revenaient aujourd'hui, ils n'auraient plus à effectuer les suppressions de postes. » (Darcos) et « Aujourd'hui, le PS n'a pas les idées claires sur l'éducation ».
CQFD

Sources :

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    je trouve que vous allez un peu vite en besogne lorsque, s'appuyant sur un de mes articles, vous portez l'opinion selon laquelle le Parti Socialiste n'a pas d'idées sur l'enseignement supérieur et la recherche, ou même qu'au fond il appliquerait la même politique que la droite. Ce n'était pas du tout ce que défendait mon article paru dans "Unité" (situé dans le cadre d'un dossier de trois pages). Il est vrai que pour beaucoup de militants de gauche, l'université n'est pas une priorité. Il est également vrai que l'opposition (toute entière !) n'a pas fait suffisament son travail contre la LRU. Néanmoins, le PS s'est remis en ordre de bataille, grâce entre autres au remarquable travail de Bertrand Monthubert, et qu'il défend aujourd'hui sur la masterisation des concours de l'enseignement ou sur le Grand Emprunt des positions beaucoup plus en phases avec le mouvement social.
    Alors, si la gauche est responsable pour partie d'avoir laissé filer le train ultra-libérale des réformes depuis le LMD, n'oublions pas qu'il existe en son sein des gens qui défendent des positions en contradiction totale avec ces contre-réformes (et qui avancent des propositions...)

    Cordialement,
    Mathias Tessier

    PS : pour un aperçu des articles de l'Offensive Socialiste sur l'enseignement supérieur, allez sur http://offensivesocialiste.wordpress.com

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