mercredi 22 juillet 2009

« De défaites en défaites jusqu’à la victoire ! »

     À lire le message suivant posté sur LGV - La Gauche Verte Bimestriel d'informations alternatives en ligne (identification peu claire), (http://www.lgvsite.canalblog.com/), on peut se demander si, effectivement, la politique gouvernementale en matière d'éducation n'a pas définitivement triomphé, et vers quelle victoire ont peut aller en marchant de défaites en défaites. Sur la participation du corps enseignant au mouvement universitaire, certaines considérations ici ne sont pas très éloignées de celles que faisait valoir Yves Madiran dans sa discussion matinale d'hier avec Mr. le prof., à savoir, si l'on se souvient bien, qu'« un nombre significatif de mandarins bien placés dans la gouvernance ont déjà vu, semble-t-il, tous les avantages qu'ils vont pouvoir ou qu'ils peuvent déjà retirer du système qui se met en place à toute vitesse... » 
     Ainsi les posteurs du message (dans lequel est citée l'AGEN : Association générale des étudiants de Nanterre - Pour un syndicalisme de combat, sans qu'on puisse dire s'il émane directement de cette dernière association) font-ils l'analyse suivante :

 « La LRU permet également la précarisation des enseignants et des administratifs. Seulement, les enseignants ne sont pas de cet avis et souhaitent rester sur leurs revendications de départ pour plusieurs raisons. Tout d’abord, au sein des enseignants mobilisés, une partie non négligeable n’est pas contre la LRU. Ce qui préoccupe cette frange du mouvement est le devenir de son statut et rien d’autre. On a pu voir des enseignants mobilisés faire l’éloge de la LRU considérant que la sélection à l’entrée de l’université permettrait de redorer le blason de celle-ci. »

     Bien entendu, il ne faudrait pas exclure qu'un certain nombre d'enseignants étaient, et même restent, de bonne foi dans leur stratégie d'appropriation de la loi LRU, et dans la perception que, les circonstances étant ce qu'elles sont, le rapport des forces des mouvements sociaux, même hypothétiquement réunis, ne pouvaient jouer en leur faveur. Dans toute institution qui se crispe, un certain nombre de bonnes volontés ont toujours pensé pouvoir « faire évoluer les choses de l'intérieur ». C'était le cas de l'ancien PCF. C'était (c'est encore ?) le cas de l'église catholique. Malgré tout, on a vu justement ce qu'une telle attitude pouvait valoir, et on peut comprendre jusqu'à un certain point la rancœur et l'amertume de certains des étudiants les plus engagés aux côtés des enseignants-chercheurs. Même si faire l'amalgame de ces derniers en une seule et même catégorie de « traîtres », d'« hypocrites » ou de « lâches » ne paraît pas faire preuve d'une analyse politique pertinente et performatrice pour le futur. Et rappelle de fâcheuses méthodes sectaires... Cependant, un mouvement uniquement étudiant, comme finissent par le prôner les posteurs du message, réussira-t-il mieux à inverser le rapport des forces, ou à se rapprocher, comme ils semblent l'appeler de leurs vœux, des mouvements sociaux ouvriers, paysans, employés ? La litanie de leurs griefs ne doit pas être sans doute pour autant négligée, si elle est bien l'expression d'une fracture irrémédiable et préjudiciable pour l'avenir. En voici quelques extraits :


  •  « De plus, des enseignants ont clairement revendiqué ne pas vouloir faire grève longtemps, car ça poserait trop de problèmes et lutter contre la LRU impliquerait une lutte longue et dure ! » « « “ La sacro sainte unité ” entre enseignants, étudiants et administratifs ne devait pas être brisée même s’il s’agissait d’une pseudo unité. Au bout de quelques semaines de grève, les enseignants avalèrent de travers la revendication : abrogation de la LRU car vous comprendrez qu’ils avaient tout de même besoin de l’appui de leurs étudiants. Seulement, la question de la LRU n’a jamais véritablement été le fer de lance du mouvement. Les étudiants sont restés suivistes, acceptant cette situation au nom de l’unité. » « Les moyens d’action étaient à l’image du mouvement (lecture de cours sur les places publiques, ronde des obstinés…vers la défaite pourrait-on l’appeler) »
  • « Au fur et à mesure qu’une frange des étudiants dont nous faisions partie tentait de plus en plus de lancer le débat sur la LRU et les questions sociales, les enseignants désertaient les AG. » « Des enseignants qui prétendaient être contre la LRU ont préféré faire alliance avec leurs collègues de droite qu’avec les étudiants anti -LRU. Sans doute craignaient- ils de se salir les mains ou qu’une certaine radicalité s’empare de la fac. » 
  • « Après 15 semaines de grève, les cours ont repris, les examens ont lieu à l’appel de Pécresse suivie sagement par les enseignants. A l’attaque que leur balance les étudiants : “ vous avez trahi le mouvement ! ”. Ils répondent soit par “ vous vous trompez, ce n’est qu’une pause ” ou pas de réponse du tout, n’assumant pas leurs positions hypocrites. »
  • « Depuis des années le saccage du service public a lieu sans que ces messieurs et dames lèvent le petit doigt. Désormais le risque d’être traités comme de simples salariés de l’université les révulse mais ce dégout est insuffisant pour construire une véritable lutte contre les reformes. »

À méditer...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire