vendredi 28 août 2009

Un état (un État ?) quasi psychotique [ou aurions-nous dû écrire « schizophrénique » ?]

Un article, relativement bienveillant — qui essaye de comprendre et de donner la parole —, est paru dans L'Express sur le mouvement des « désobéisseurs » dans l'école primaire :
Comme c'est devenu l'habitude, ces temps-ci, dès qu'il est question d'éducation, un tombereau de haine a été déversé dans les réactions par tous ceux qui voudraient que le mot « fonctionnaire » soit synonyme de « militaire » ou plutôt de « mercenaire » (encore qu'on soupçonne qu'une obéissance aveugle ne soit pas forcément la garantie à long terme d'opérations militaires réussies... mieux vaudrait une obéissance intelligente, et qui dit intelligence...). Un tombereau déversé par tous ceux qui n'admettent pas que la réalité des faits et l'évolution des événements ne peuvent se laisser enfermer dans des programmes politiques ou économiques élaborés et votés tous les quatre ou cinq ans, alors même que les yeux (et l'esprit) sont quasiment fermés, hypnotisés par la télévision, et autres médias ! Par tous ceux, enfin, qui n'admettent pas la nécessité d'un contrôle citoyen de l'action publique — d'une « évaluation » citoyenne a posteriori, mais mieux encore « en temps réel », c'est-à-dire avant catastrophe (C'est ainsi que l'action gouvernementale et militaire a été contrôlée jour après jour, sinon heure par heure, par la représentation nationale durant la Grande Guerre, dont on sait qu'elle s'est soldée par une victoire...).
Obéir sans réfléchir, ce n'est pas seulement faire preuve d'un manque d'intelligence, et, en l'occurrence, d'un manque d'intelligence de son métier, mais c'est surtout prendre le risque, infiniment plus grand, de sortir complètement de la réalité, et de s'installer dans un état (un État ?) quasi psychotique [ou aurions-nous dû écrire « schizophrénique », terme retenu par l'éditorial du Monde de ce soir, à propos de l'emploi des seniors, quand les entreprises, poussées par la réalité économique, font en réalité le contraire de ce qu'elles disent vouloir faire... ]
Chose assez rare dans ce genre d'échange nettique, la rédaction de l'Express elle-même a cru bon de se défendre contre la réaction de l'association « SOS éducation » qui contestait la pertinence pour ce magazine de relayer ce que cet étrange avatar considère pour sa part comme des « élucubrations ». Sans trop se mouiller, il est vrai, en répondant par exemple que : « les "élucubrations" des uns sont les credos des autres ». Et en se protégeant derrière l'objectivité attendue de la part d'une authentique déontologie journalistique : « quoi que vous en pensiez ou nous en pensions ». On peut toutefois s'inquiéter de savoir jusqu'où pourrait nous mener un tel relativisme ! Et on peut craindre qu'il ne soit porteur d'aucun remède dans les guerres idéologiques, et encore moins, dans d'éventuelles guerres de religion.
Yves Madiran a cru bon d'intervenir par 2 fois dans cette discussion. Cela paraît un peu vain ! Enfin, il faut bien trouver un exutoire à son indignation...

Yves Madiran - 26/08/2009 19:41:49

A la droite de M. Refalo [un des leaders des « désobéisseurs »], sur la photo, on reconnaît visiblement M. Pierre Cohen, député-maire socialiste de Toulouse. Peut-être eût-il convenu de le préciser, dans un souci d'informer plus complètement vos lecteurs ? Ainsi SOS-Éducation aurait-il pu se demander plus largement si ces « élucubrations » n'avaient pas par ailleurs la caution d'hommes politiques responsables, représentants de la Nation.

Yves Madiran - 28/08/2009 10:11:28

A lire la plupart des réactions à cet article, on commence à comprendre pourquoi les entreprises françaises sont souvent si peu performantes, si peu innovantes, et courent à la faillite : aucune place à la discussion, à la délibération, au consensus, aux remises en question salutaires du management et des projets. Du moins d'après ce que nous en expliquent ces lecteurs de l'Express. C'est-à-dire au fond qu'en réalité, le travail de formation est si bien fait dans notre pays que la majorité des gens ont intégré mentalement un fonctionnement du travail et de la société reposant essentiellement sur l'obéissance aveugle et la servitude volontaire. Et puis, en ce qui concerne la démocratie des urnes, Napoléon III, lui aussi, était démocratiquement élu. Fera-t-on pour autant du Second empire un modèle de démocratie ?


2 commentaires:

  1. Tarantino le fait par son film "inglourious bastered", Etourneau par son blog "JSABE".
    L'art comme "exutoire à une indignation", acte thérapeutique communiqué qui servira-je l'espère-sinon à mettre au courant, à former de nouveaux soldats.
    bravo!

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  2. Nous sommes en marche, que dis-je, en vol !

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