Après tout, pourquoi pas ?
Si c'est pour revenir aux fondamentaux démocratiques, et débloquer notre époque !
C'est ce qu'on en arriverait à penser en écoutant sur la radio BFM (nul n'est parfait !) un « grand débat », rediffusé ce samedi matin et analysant de près les difficultés rencontrées par le président Obama pour « réformer » (dans le sens véritablement progressiste de ce mot, nous laisse-t-on entendre avec raison) le système de santé américain. Thomas Snegaroff, l'un des intervenants, enfonce le clou : « C'est certes un régime présidentiel, mais, contrairement à ce qu'on pense en France, le pouvoir législatif appartient au Congrès ». On ne peut pas s'empêcher d'entendre derrière cette phrase : « contrairement à ce qui se passe en France ». Donc soyons américains, si l'on veut éviter l'institution en France d'un régime présidentiel où le pouvoir législatif n'appartiendrait pas au Congrès. Un Congrès français qui, pour être réuni de plus en plus souvent à Versailles, ne semble pas en avoir pour autant plus de pouvoir !
Mais, imitons encore l'esprit des lois américaines, si celles-ci permettent de tenir compte davantage, quand on réforme, de l'histoire et de l'environnement socio-culturel d'un pays, si ce système évite les réformes « au forceps » (N'est-ce pas Mme Pécresse !), selon le mot d'un des analystes réunis dans cette émission.
Vieille Europe ou Vieille Amérique ? Jean-Philippe Immarigeon, nous le rappelle : « Tocqueville disait déjà qu'il ne faut pas se tromper sur la nouveauté de l'Amérique, c'est un vieil esprit, une vieille nation, où il est très difficile de faire passer des réformes ». À méditer ! Peut-on faire mieux et aller plus vite dans un réformisme, d'ailleurs à contre-courant de celui d'Obama, que les États-Unis ? Qui le croirait ?
Au passage, quelques bonnes blagues ! Le président Sarkozy ayant, paraît-il, remonté de 12 % dans les sondages après son malaise vagal, nos intervenants s'amusent à conseiller à Obama de faire la même chose pour enrayer sa chute parmi les sondés américains. Et puis aussi, celle de l'animateur qui se gausse d'un participant qui défend la IIIe République : « je vous laisse la responsabilité de vos propos ». Sans doute confond-il avec la IVe ? Le bilan démocratique, éducatif, culturel, institutionnel, etc. de la Troisième République est-il si ridicule que cela ? À méditer aussi...
Mais finalement, on rirait plutôt jaune en s'entendant expliquer que le dernier argument trouvé par l'équipe d'Obama pour défendre sa réforme, c'est un argument économique : qui dépense pour sa santé est par ailleurs un mauvais consommateur... Nos gouvernants y ont-ils pensé ?
Références :
Crise, réforme du système de santé, climat : premières difficultés de Barack Obama - 11h-12h |  |  | |
Jean-Philippe Immarigeon, avocat, chroniqueur dans la Revue des Défense Nationale et auteur de "L'imposture américaine" chez Bourin Editeurs Pierre Lagayette, Directeur du Centre de Recherches "L’Ouest américain et l’Asie/Pacifique anglophone" et professeur de littérature et civilisation américaines Thomas Snegaroff, historien, coauteur de "L'unité réinventer : les présidents américains face à la nation" (Ellipses), auteur de "Faut-il souhaiter le déclin de l'Amérique?" | |||
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire