mercredi 5 août 2009

Des nouvelles de notre étourneau...

     Nos lecteurs les plus anciens, et nous les savons fort nombreux et attentifs, se souviennent que nous avons mis dès le début ce blog sous le double et haut patronage de deux des plus grands écrivains de la fin de Meiji : ISHIKAWA Takuboku et MORI Ôgai. Pour ce dernier, c'est son étonnant passage sur les étourneaux dans son texte Konton (Chaos, cf. premiers messages postés) que nous avions mis en exergue, le comportement de l'étourneau devenant, avec sa prétendue cervelle d'oiseau, le symbole d'une assimilation réussie des savoirs et des expériences. Re-citons, pour les nouveaux et éventuels arrivés sur ce blog, quelques lignes significatives. Il s'agit d'une comparaison entre deux types bien différents de voyageurs japonais en Occident, mais l'on pourrait en dire autant plus généralement de deux types d'approche ou d'acquisition de la culture et du savoir :
     « Les petits esprits bourrés à craquer sont mauvais. Pour prendre une comparaison, ils sont comme des récipients remplis à ras bord. Dans ces conditions, vouloir venir en Europe pour ressentir et emmagasiner des impressions nouvelles, c'est vouloir bourrer la marmite : tout mouvement devient impossible. On se trouve incroyablement à l'étroit. C'est ainsi en tout cas que j'ai ressenti les choses. Mais quand survient un de ces individus un peu négligents, à l'allure d'étourneau, celui-là, au moment du retour, a appris quelque chose au plus profond de lui-même. »
   Certes, cela fait penser à notre célèbre « mieux vaut tête bien faite que bien pleine » qui, pour dater du XVIe siècle humaniste, n'en a pas été suivi d'effets très visibles pour autant. Mais s'y ajoutent l'idéal d'une certaine aisance, d'une certaine liberté, la revendication d'une ouverture voulue de l'esprit, et, osons le mot, même s'il est devenu grossier ces temps-ci tant il est détourné de son sens profond, l'aspiration à l'AUTONOMIE !
     MORI Ôgai, ISHIKAWA Takuboku et aussi NATSUME Sôseki, sur lequel nous ne manquerons pas de revenir, trois intellectuels qui ont dû affronter l'autoritarisme de plus en plus coercitif du régime de la fin de Meiji, et que nous pouvons par là même sentir proches de nous : chaos, blocage d'une époque, les mots mêmes qu'ils emploient nous sollicitent. C'est que, comme nous l'apprennent nos manuels d'histoire des idées politiques : le libéralisme économique est loin de s'accompagner d'un libéralisme intellectuel, et ne fait pas forcément bon ménage non plus avec le libéralisme parlementaire...
     Mais nos lecteurs les plus fidèles se souviennent aussi que le hasard nous avait fait recueillir réellement un étourneau, et ils se demandent sans doute ce qui lui est arrivé pour qu'on n'en parle plus guère. En fait, comme attendu, il a repris sa liberté pour disparaître et construire son autonomie tout en rejoignant ses congénères (cliquez sur la photo pour mieux voir les étourneaux !) :




Vers où se sera-t-il envolé ? Vers les toits de la grande ville ? 




Ou vers les sommets des montagnes ?



 


Photos EA & BA, tous droits réservés...



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