jeudi 6 août 2009

Ne faisons pas comme si Hiroshima et Auschwitz n'avaient pas mis à mal les rêves les plus anciens de l'humanité

« Ne faisons pas comme si la dévastation et ce que la philosophe Simone Weil nomme le “ déracinement ” ne nous étreignaient pas. Ne faisons pas comme si Hiroshima et Auschwitz n'avaient pas mis à mal les rêves les plus anciens de l'humanité. Nous en sommes inconsolables et nous avons le devoir de le rester. Telle est la seule éthique possible pour notre temps. Non plus fonder ou rétablir une morale de plus avec ses règles fixes de comportement mais, dans une incertitude bienveillante, assumer pour de bon notre condition et découvrir, à neuf, comment être. Se risquer à être libre n'est pas un choix parmi d'autres, une proposition pour se sentir un peu mieux et se réconforter — mais notre seul possible. Là où tout est régi selon l'organisation de l'autoroute qui rêve d'une sécurité constante, assumons que nous sommes mortels, des êtres de la haute fragilité, sensibles et vulnérables, marchant sur des routes improbables. »
                       Fabrice Midal, Risquer la liberté — Vivre dans un monde sans repère, 2009, p. 11

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire