lundi 7 décembre 2009

Pour un manifeste des sciences humaines et sociales

Dix présidents d'université rappellent quelques vérités fondamentales sur les sciences humaines et sociales et s'allient pour les défendre. On ne trouvera pas, dans ce manifeste, le nom de Daniel Filâtre, président de l'université de Toulouse II, dite Le Mirail, trop occupé sans doute à négocier avec Valérie Pécresse, ou trop soucieux de ne pas ouvrir la porte dans sa propre université à de nouveaux mouvements de défense des humanités...
On trouvera le début de ce texte sur Médiapart :

« Les débats et les grèves de l'année écoulée ont montré que toutes les universités ne sont pas également confrontées aux mêmes problèmes et qu'au-delà des enjeux généraux (sur les carrières, les moyens, les bâtiments notamment) il existe aussi des questions spécifiques aux grandes universités de lettres et de sciences humaines. Comment défendre et valoriser leur recherche, qui a évidemment bien d'autres débouchés que les brevets ? Comment faire comprendre et reconnaître que la bibliométrie, même mâtinée d'autres indicateurs, aura des effets désastreux en invitant les chercheurs à une spécialisation très forte et très rapide, à la multiplication des versions successives des mêmes travaux ? Comment redonner aux plus brillants des universitaires en début de carrière le goût de l'investissement collectif si tout se résume finalement au nombre d'item que chacun pourra lister dans sa fiche personnelle ? Comment faire entendre que la recherche en sciences humaines se fait dans des équipes souvent sans murs, dans des réseaux, des participations croisées ? Comment éviter que les masters concours ne conduisent à la disparition pure et simple des secteurs disciplinaires entiers et de la formation à la recherche des étudiants ? Comment éviter que le contrat doctoral ne conduise à un formatage desséchant des thèses dont certains PhD américains donnent l'exemple peu convaincant ? Comment accueillir mieux des étudiants d'origines de plus en plus variées ? Bref, comment faire pour que nos universités restent ce qu'elles ont toujours été : un lieu d'inventivité et de promotion sociale.


C'est justement pour porter collectivement une réflexion sur ces questions cruciales et pour redevenir force de proposition audible, que nos universités entendent constituer entre elles une fédération ou une association, qui sera tout autre chose qu'un club ou un lobby : un groupe de réflexion et de proposition à qui il appartiendra, par exemple, de rappeler que les universités de SHS ont des taux d'insertion professionnelle identiques à ceux des autres domaines, que l'investissement dans l'enseignement supérieur produit individuellement un différentiel de revenu sensible en faveur des diplômés, que les gisements d'emplois futurs se trouvent dans le secteur tertiaire et les services, que les formes de valorisation de la recherche varient d'un secteur à l'autre et qu'à ce titre les SHS contribuent aussi largement au prestige international de notre pays et à son attractivité...
Olivier Christin, président de l'Université Lyon 2
Patrice Brun, président de l'Université Bordeaux 3
Alain Spalanzani, président de l'Université Grenoble 2
Lise Dumasy, présidente de l'Université Grenoble 3
François Le Poultier, président de l'Université Nancy 2
Anne Fraïsse, présidente de l'Université de Montpellier 3
Georges Molinié, président de l'Université Paris 4
Pascal Binczak, président de l'Université Paris 8
Bernadette Madeuf, présidente de l'Université Paris 10
Marc Gontard, président de l'Université Rennes 2

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