samedi 19 décembre 2009

Les comptes fantastiques de Madame Pécresse/Haussmann


Sur le site interne de la SLU :

Ci-dessous ce texte de François Jouve (Jussieu), assez instructif...

Je vais rajouter mon grain de sel de matheux qui ne comprend ni les physiciens ni les chimistes.
Donc le "grand" emprunt va grosso modo jouer à la roue de la fortune, en empruntant sur les marchés de l'argent à un taux faible (on espère) et en le redistribuant aux universités en charge de le faire fructifier pour en tirer un profit qu'on espère supérieur (donc a priori en prenant plus de risques). Le montage est déjà bizarre en soi. Mais tout ceci devient complètement schizophrène de la part de l'Etat si l'on pense à ce qu'il est en train de faire avec ses fameux PPP (partenariat public privé) lancés à grands renforts de trompettes médiatiques. Mon université (Paris 7) va avoir de nouveaux locaux en 2012 pour les département GHSS, math et informatique. Ces bâtiments seront construits en utilisant le montage financier du ppp. C'est très simple : un consortium privé se charge de tout (construction, maintenance) pendant 27 ans. L'Etat paye une sorte de loyer pendant tout ce temps et devient propriétaire à l'issu des 27 ans. Bien sûr, pour que ce soit attractif pour le privé, les conditions sont très intéressantes. Dans notre cas ça devait être très attractif puisque 11 projets avaient été déposés. Le vainqueur compte notamment dans ses rangs les groupes Vinci et GdF-Suez. Le coût de la construction est de 108 M€. Le loyer sera de 10 M€/an dans lequel on compte 15% de maintenance. Soit donc un coût réel de 8.5 M€/an, donc un coût global d'environ 230 M€ sur 27 ans. Cela revient à payer plus de 2 fois le prix et représente un coût de crédit annuel de 6.5%, largement au dessus des taux à long terme observés ces 10 dernières années qui n'ont jamais dépassé 4.3%.
Résumons donc : d'un côté on emprunte de l'argent pour en faire du capital pour le supérieur, et de l'autre on prétexte que l'on n'a pas assez de cash pour construire des locaux et qu'il faut faire appel au privé qui en a beaucoup pour lui emprunter à des taux particulièrement avantageux pour lui. Ajoutons une dernière escroquerie qui est habituelle de la part de ce gouvernement : les sommes des différents ppp (440 millions au total), sont imputées cette année au budget de la Recherche, permettant à la ministre d'afficher un budget en hausse (avec l'aide du CIR également).

François Jouve (Math. Jussieu)

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