lundi 18 janvier 2010

« Peut-on espérer un jour avoir des hommes politiques à la hauteur des enjeux du problème universitaire ? »


Point de vue « Sortir de la crise universitaire »
LE MONDE | 18.01.10 | 13h07 • Mis à jour le 18.01.10 | 13h07

Quelques phrases significatives :

« Au lieu de tenter d'améliorer la situation pour les enfants des classes populaires là où ils font aujourd'hui massivement leurs études, on entend faciliter leur accès homéopathique à ce qui est présenté comme les seuls vrais lieux de l'excellence : les classes préparatoires et les "grandes écoles". L'université n'est même plus pensée comme un lieu d'accueil pour les meilleurs étudiants issus des classes populaires.
[…]
La politique qui consiste à privilégier l'enseignement supérieur non universitaire sur l'université relève donc de la stratégie de Gribouille qui se plongeait dans la rivière pour éviter la pluie ! Il serait plus simple de reprendre les choses à l'envers en prenant la mesure du capital intellectuel actuellement réuni dans les universités françaises et de sa sous-utilisation gravissime par la nation. C'est pourquoi nous continuons à appeler à une Refondation de l'université française, qui mette un coup d'arrêt au processus en cours qui est une véritable bombe à retardement.
[…]
On laisse ainsi le public économiquement, socialement et culturellement le plus démuni entrer à l'université pour ensuite critiquer les taux d'échec dans les premiers cycles universitaires, qu'on attribue à la déficience pédagogique de l'enseignement universitaire. Ainsi, on enfonce les universités dans la crise tout en maltraitant le public étudiant issu des classes populaires. Comme remède, on envisage des quotas de boursiers dans les classes préparatoires et les "grandes écoles". Dans le meilleur des cas, ce sera une goutte d'eau dans la mer. Mais, à défaut de conséquences pratiques, la mesure a été médiatiquement efficace. On assiste donc là une fois de plus à une expression de la politique contemporaine, tournée vers l'impact médiatique de court terme et non vers la résolution en profondeur des problèmes. […] »

Olivier Beaud, professeur de droit public à Paris-II ;
Alain Caillé, professeur de sociologie à Paris-Ouest-Nanterre-la Défense ;
Guy Carcassonne, professeur de droit public à Paris-Ouest-Nanterre-la Défense ;
Bruno Courcelle, professeur d'informatique à Bordeaux-I, membre de l'Institut universitaire de France ;
Jean-Pierre Demailly, mathématicien, professeur à l'université Grenoble-I ;
François Dubet, sociologue, université de Bordeaux-II et directeur d'études à l'EHESS ;
Pierre Encrenaz, professeur de physique à l'UPMC et à l'Observatoire de Paris ;
Marcel Gauchet, philosophe et directeur d'études à l'EHESS et
François Vatin, professeur de sociologie à Paris-Ouest-Nanterre-la Défense.

Tous les signataires sont membres du groupe des Refondateurs de l'université (créé autour du Manifeste publié par "Le Monde" du 16 mai 2009).

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